PLUS D'UN patient sur deux subit une constipation lorsqu'il est placé sous opioïdes, en accompagnement d'un traitement anticancéreux. Très inconfortable, cet effet secondaire aux traitements antalgiques rend plus difficile encore les derniers moments de vie. Il est quasi systématique et n'est pas lié à la dose de morphiniques administrée. Bien souvent, une déshydratation fécale aggrave encore la situation. Pour contrer la constipation, il existe bien sûr une batterie de laxatifs osmotiques, stimulants, lubrifiants, etc. Mais 20 % des patients ne sont pas répondeurs à ces différents médicaments. Pour ces derniers, ou en complément d'un laxatif traditionnel, Wyeth Pharmaceuticals a mis sur le marché Relistor, dont le principe actif est la méthylnaltrexone. « C'est la seule thérapie qui soit dédiée au traitement de la constipation due aux opioïdes chez les patients relevant de soins palliatifs, lorsque la réponse aux laxatifs habituels n'est pas suffisante », souligne Emmanuelle Quilès, présidente de la filiale française du laboratoire américain. La molécule est dérivée de la naltrexone, substance bloquant l'action des opioïdes sur les récepteurs morphiniques mu. Ces récepteurs sont présents aussi bien au niveau du système nerveux central que périphérique, et donc au niveau du tractus gastro-intestinal. C'est pour cela que les opioïdes, par leur double action, soulagent la douleur (action centrale) et entraînent des effets secondaires, au premier rang desquels la constipation (action périphérique). Dans le cas de Relistor, l'adjonction d'un groupement méthyl sur la naltrexone génère un dérivé qui ne peut franchir la barrière hématoencéphalique. Son action est donc exclusivement périphérique (par antagonisme sélectif). « La méthylnaltrexone bloque l'effet sur le transit, sans interférer avec les effets analgésiques centraux exercés par les opioïdes », résume le Dr Florian Scotté, oncologue à l'Hôpital Européen Georges Pompidou.
Action en 30 minutes.
Les données cliniques jointes à l'AMM européenne (obtenue en juillet 2008) sont concluantes. Après la première injection, le pourcentage de patients répondeurs dans les 4 heures est de 48,4 % (versus 15,5 % pour le placebo). La moitié de ces patients favorables le sont dans les 30 minutes, souligne le Dr Philippe Poulain, en exercice à la Clinique de l'Ormeau de Tarbes. Pour les patients qui ne présentent pas de reprise du transit, il est possible de renouveler la prise 24 heures plus tard. Mais en cas de succès, le médicament ne sera administré que toutes les 48 heures. Les doses peuvent être injectées à intervalles plus longs, selon le besoin clinique. Parmi les effets secondaires, les diarrhées sont très fréquentes (chez plus d'un patient sur 10). De la même façon, des douleurs abdominales peuvent intervenir, traduisant la reprise du transit. Pour la commission de la transparence, Relistor apporte un service médical rendu « important », mais l'ASMR (Amélioration du service médical rendu) est évaluée IV, c'est-à-dire mineure. Cette spécialité concerne potentiellement un maximum de 15 000 patients. On estime que 10 % des personnes hospitalisées relèvent de soins palliatifs. Cette offre doit être doublée d'ici à 2012, conformément au Programme national de développement des soins palliatifs 2008-2012.
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