Ils sont en permanence au chevet des autres et ne prennent pas assez soin d'eux. C'est ainsi que Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et du Centre national des professions libérales de santé (CNPS), décrit la situation des soignants en souffrance psychologique. Or, selon lui, leur état s’aggrave d’autant plus qu'ils ne disposent pas de lieux facilement accessibles. Ils reportent donc leur appel à l’aide et leur prise en charge, avec parfois des conséquences fatales.
L’enquête menée par le SPS* révèle cependant que 75 % des professionnels en détresse psychologique souhaiteraient se faire aider (« Le Quotidien du pharmacien » du 10 novembre 2016). « Il faut faciliter la parole, et ce parmi des personnes qui vivent les mêmes choses qu’eux, pense Philippe Gaertner. Les professionnels de santé ont besoin d’une prise en charge spécifique. Ils ne souhaitent pas être soignés dans des structures classiques au contact des malades qu’ils soignent tous les jours ».
Philippe Gaertner souhaite, par conséquent, apporter son soutien en tant que président du CNPS à l’action de l’association Soins aux professionnels de santé (SPS). Dès le début décembre, un numéro d’appel unique sera mis en service sur tout le territoire français à l’intention exclusive des professionnels de santé. Cette plateforme dédiée les orientera au besoin vers l'une des dix structures d’accueil spécifiques qui mailleront, à court terme, l’ensemble des régions.
Des professionnels sentinelles
Par ailleurs, les professionnels de santé ayant identifié les charges administratives comme l’une des causes majeures de leur mal-être pourront recevoir un soutien. « Chacun des syndicats est appelé à mettre en place une cellule d’aide juridique avec l’appui d’un avocat. Bien des situations seront ainsi débloquées et le professionnel de santé se sentira moins seul face à l’administration », expose le Dr Éric Henry, président du SPS.
Il souhaite également mettre en place, parallèlement au dispositif annoncé, un système de sentinelles. Des soignants seraient ainsi formés au repérage et à l’aide de leurs pairs en difficulté. Selon l’enquête du SPS, 19 % des personnes interrogées — soit 700 personnes — seraient volontaires. La même implication est également demandée aux pouvoirs publics, organismes payeurs, instances ordinales et syndicales, pour assurer le financement de la plateforme d’appel. Son budget annuel devrait s'élever à environ 1,44 million d’euros, soit une moyenne de 70 prises en charges/jour** par un psychologue, tarifée chacune à 57 euros.
* Enquête réalisée par Stethos pour le SPS entre le 19 septembre et le 10 octobre 2016 auprès de 4 019 personnes appartenant à dix professions de santé.
** Taux d'appel estimé à 1,5 % pour 1,9 million de professionnels de santé.
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