EN 2010, Véronique Dupeux, titulaire à Saint-Maur, dans l’Indre, a décidé de suivre un diplôme universitaire en cancérologie, afin de mieux conseiller à l’officine ses patients atteints de cancer. « Je n’avais aucune formation dans ce domaine et je voulais mettre en place un vrai accompagnement, dans un espace de confidentialité », explique-t-elle. Sur internet, elle déniche un DU de cancérologie clinique proposé par le CHU de Poitiers et décide de s’inscrire. La formation est ouverte « à des soignants paramédicaux et à toute personne travaillant dans le secteur sanitaire et social », indique l’intitulé du diplôme. Au menu : quatre semaines de cours, une semaine de stage, un examen écrit et un mémoire. Mais à l’enthousiasme des débuts succède la désillusion. « La formation n’était pas du tout faite pour les pharmaciens, regrette Véronique Dupeux. Il n’y avait pas de cours sur la thérapeutique et l’examen final portait principalement sur de la technique hospitalière et du diagnostic. » La pharmacienne se heurte également à l’hostilité des formateurs hospitaliers. « Lors de la présentation orale de mon mémoire, j’ai insisté sur le rôle du pharmacien, en me basant sur une diapositive qui avait été projetée en cours : tous les professionnels de santé y figuraient, autour du patient cancéreux, sauf le pharmacien ! Mais le jury m’a fait comprendre que je n’étais pas assez compétente et qu’il ne voyait pas ce que je faisais dans cette formation. J’ai été jugée par des gens qui ne connaissaient pas du tout l’officine… », déplore cette consœur. Elle regrette qu’il « reste encore du chemin pour arriver à la coopération interprofessionnelle ».
Un diplôme inadapté.
Du côté du CHU, le Pr Jean-Marc Tourani, responsable pédagogique du diplôme, reconnaît que la formation n’est pas adaptée aux officinaux. « C’est beaucoup trop médical pour des pharmaciens d’officine. La formation est plutôt destinée à des personnels hospitaliers, précise-t-il. La prochaine fois, nous n’ouvrirons pas cette formation aux officinaux, ou nous les préviendrons au préalable de la difficulté. » Le cancérologue pense que « c’est une très bonne chose que les pharmaciens se forment en cancérologie ». Cependant, selon lui, « la faculté de pharmacie devrait travailler à la mise en place d’un diplôme qui leur serait destiné. Mais il faut que les pharmaciens eux-mêmes soient moteurs car, à l’hôpital, nous n’avons pas le temps de le créer ».
Véronique Dupeux, quant à elle, ne regrette pas du tout sa formation malgré la déception de ne pas avoir validé son DU. « J’ai appris beaucoup et je suis plus à l’aise avec mes patients cancéreux. Dans ce domaine, il est vraiment important de se former », conclut-elle.
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