« Même si la plupart des patients souffrant de syndrome de stress post-traumatique tirent un certain bénéfice des traitements existants, la grande majorité conserve des symptômes pendant des années. Ceci pourrait constituer une avancée pour les patients qui n’ont pas été soulagés par les traitements actuels », estime le Dr Andrew Leuchter, psychiatre à l’université californienne de Los Angeles (UCLA) qui a dirigé l’essai de phase 1.
« Les patients dans l’essai étaient très malades depuis en moyenne 30 ans. Et pourtant après 8 semaines de traitement eTNS, ils signalaient des améliorations, comme par exemple : "pour la première fois depuis des années, j’ai pu dormir toute la nuit" ou "mes cauchemars ont disparu". Cet effet puissant et rapide procuré par un dispositif non implanté est remarquable », précise au « Quotidien » le Dr Ian Cook, co-inventeur à UCLA de cette nouvelle approche et conseiller médical senior auprès de la compagnie NeuroSigma qui développe le dispositif appelé Monarch.
Le patch eTNS (external Trigeminal Nerve Stimulation), ou Monarch, est déjà disponible sur ordonnance pour le traitement d’appoint de l’épilepsie et celui de la dépression, et en monothérapie pour les troubles d’hyperactivité avec déficit de l’attention (TDAH), ceci en Europe et au Canada mais non encore aux États-Unis.
Neuromudulation
Cette approche de neuromodulation a l’avantage de ne pas être invasive ; elle stimule des branches cutanées du nerf trijumeau pour délivrer les signaux au cerveau. En pratique, un petit appareil stimulateur de la taille d’un smartphone, posé sur la table de nuit ou porté a la ceinture, est relié par des fils à un patch autoadhésif placé sur le front.
Le stimulateur, alimenté par une pile, délivre ainsi des stimulations électriques faibles aux branches V1 du nerf trijumeau situées sous la peau du front. Les signaux se propagent alors vers des régions clés du tronc cérébral, du thalamus et du cortex. Les études d’imagerie ont montré que l’eTNS peut abaisser l’activité dans les régions cérébrales associées à l’initiation et la propagation des crises épileptiques, et augmenter l’activité dans les régions cérébrales associées à l’humeur, l’attention et la fonction exécutive, régions souvent hypoactives dans la dépression et l’anxiété.
L’essai de phase 1, publié dans la revue « Neuromodulation », porte sur 12 adultes souffrant d’un syndrome de stress post-traumatique (SSPT) et d’une dépression modérée a sévère depuis plusieurs années, en dépit de traitements médicamenteux et psychothérapies. Tout en poursuivant leur traitement, les patients ont posé chaque nuit (8h) un patch sur leur front pendant 2 mois. Ils ont été évalués, au début et à la fin de l’étude, par des questionnaires mesurant le SSPT (PCL), la dépression (HDRS-17 et QIDS-C) et la qualité de vie (Q-LES-Q).
Les auteurs rapportent une bonne tolérance et une amélioration significative des symptômes, dès la deuxième semaine de traitement. La sévérité des symptômes du SSPT a diminué de 30 %, la sévérité de la dépression a diminué de 50 %, et la qualité de vie est améliorée. Un quart des sujets a même obtenu une rémission du SSPT.
Une étude chez des vétérans
Ces résultats, certes prometteurs, devront bien sûr être confirmés dans des études plus larges et contrôlées. Une étude de phase 2, randomisée en double insu, a déjà débuté et portera sur 74 vétérans américains souffrant à la fois de syndrome de stress post-traumatique et de dépression. Les résultats devraient être disponibles dans plus d’un an. La neuromodulation eTNS est par ailleurs évaluée à UCLA dans les traumatismes cérébraux et le syndrome de Lennox-Gastaux - une épilepsie infantile difficile à traiter.
Seul bémol, le prix du traitement. En Europe, le kit initial (stimulateur Monarch avec chargeur et pile, et 28 jours de patchs) coûte 800 euros ; puis chaque paquet de 7 patchs coûte 70 euros.
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