François Couchouron, titulaire de la pharmacie du Lac à Bordeaux, ne prend pas la pharmacovigilance à la légère. Il relaie régulièrement les effets indésirables aux autorités compétentes et, au comptoir, ne manque pas l’occasion d’avertir ses patients sur les risques encourus par certains médicaments.
C’est le cas de la pseudoéphédrine, dont les effets cardiovasculaires et neurologiques centraux sont bien connus de la littérature et de la Commission nationale de pharmacovigilance, qui, en mars 2008, mettait en garde dans un rapport contre ces nombreux effets indésirables. S’ils sont relativement rares, ils sont graves et nécessitent une hospitalisation. Ces effets sont peu acceptables et à mettre en balance avec l’aspect bénin de la pathologie traitée, le rhume, indique, entre autres, le rapport.
En cette période hivernale, François Couchouron croit particulièrement opportun de le rappeler à ses patients qui, sensibilisés par la publicité à la télévision, viennent lui réclamer des boîtes de ces produits. « Je leur réponds que je ne les ai pas en médicaments conseils, je les avertis des risques et leur conseille des alternatives », expose le pharmacien. « Il n’est bien entendu pas question de refuser ces produits s’ils sont prescrits », ajoute le titulaire.
Défense du monopole
Installé dans un quartier populaire, il a relayé l’information sur la porte de son officine et dans son espace de vente, non loin de son comptoir, via une affiche « Pseudo-éphédrine : Stop. Un rhume ne vaut pas un accident cardiovasculaire ». Il justifie sa démarche par plusieurs cas vécus au cours de ses plus de dix années d’expérience professionnelle : « Nous ne pouvons pas laisser des personnes âgées, des personnes polymédiquées, particulièrement quand nous connaissons leurs antécédents coronariens, traiter un rhume avec de la pseudoéphédrine. »
Il s’agit pour lui d’une question de santé publique à laquelle, affirme-t-il, de nombreux de confrères sont sensibles. « J’ai déjà eu l’occasion, par le passé, de proposer une action concertée au cours d’un congrès et bon nombre de participants avaient réagi positivement », se souvient-il, regrettant que cette initiative n’ait pu se concrétiser.
Du reste, le pharmacien bordelais estime que la profession doit oser briser les systématismes et s’affirmer pour prendre position dans le conseil. C’est, dit-il, la seule voie pour défendre notre rôle de professionnel de santé dans le parcours de soins. La seule manière aussi d'argumenter en faveur du monopole officinal.
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