Le service réunit une équipe pluriprofessionnelle dédiée aux troubles sexuels, ainsi que le Centre gratuit d’information, de diagnostic et de dépistage de l’hôpital (CGIDD), et le centre de planification et d’éducation familiale, ce dernier étant géré en partenariat avec le département de Meurthe-et-Moselle. Titulaire d’un DIU de sexologie, Sébastien Doerper rêvait depuis longtemps de monter une telle structure, et a trouvé à Lunéville, où il fut engagé en 2011, le soutien et les moyens pour concrétiser son projet.
À côté des missions « statutaires » comme les dépistages ou le planning familial, le service accueille et oriente les personnes atteintes de troubles sexuels, qu’elles soient hospitalisées ou ambulantes. Les entretiens sont menés, sur rendez-vous, par Sébastien Doerper, qui recherche dans un premier temps une cause médicamenteuse à des troubles comme les dysfonctionnements érectiles ou les baisses de libido. Il rappelle que plus de 150 molécules, principalement en psychiatrie, en cardiologie et en diabétologie, peuvent affecter la sexualité, mais qu’un dialogue avec les médecins prescripteurs permet souvent d’adapter un traitement avec des médicaments mieux supportés sur ce plan. Toutefois, les causes purement psychogènes sont très nombreuses, surtout chez les jeunes, et l’entretien avec le pharmacien se poursuit dans ce cas par un vrai travail de sexologie. Parfois ce sont des raisons chirurgicales, comme les prostatectomies, qui entravent les érections : dans ce cas le pharmacien explique aux patients « qu’une activité sexuelle ne se limite pas aux seules pénétrations et peut s’exprimer de bien d’autres manières ».
Travaillant étroitement avec l’ensemble des médecins de l’hôpital, ainsi qu’avec les médecins traitants des consultants, le service envoie certains patients en hôpital de jour, pour des examens plus poussés : « On sait aujourd’hui qu’une bonne moitié des patients ayant fait un infarctus ou un AVC a subi des troubles de l’érection ou une baisse de libido dans les trois années précédant l’événement : ce sont des signes précurseurs qui justifient ces investigations », souligne Sébastien Doerper. Si les entretiens de sexologie ne peuvent être rémunérés, l’hôpital peut facturer des consultations associées lorsqu’elles intègrent des urologues ou des gynécologues. En outre, l’activité présente un intérêt de santé publique évident, et renforce l’attractivité de l’établissement.
Hors de l’hôpital, le pharmacien organise des séances d’information sur la sexualité dans les collèges et lycées du secteur, adaptées à l’âge des élèves : il s’agit par exemple de rassurer les jeunes, que ce soit par rapport à leur propre corps ou pour dissiper les mensonges de la pornographie, mais aussi de les sensibiliser aux abus sexuels et au principe absolu du consentement.
Après deux mois de fonctionnement, le service commence à être connu bien au-delà du Lunévillois, et attire des consultants venus de toute la Lorraine. « Nous voulons montrer que tout patient peut retrouver une vie sexuelle épanouie », conclut Sébastien Doerper, dont le poste illustre aussi, selon lui, « l’esprit de complémentarité et de coopération qui règne dans l’hôpital ».
* En dehors des centres de dépistage et de diagnostic, (CGIDD), il existe toutefois quelques rares « centres de santé sexuelle », gérés dans un cadre associatif, notamment à Paris et à Lyon.
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