355 000 nouveaux cancers sont détectés chaque année. Et plus que jamais le pharmacien prend sa place dans la chaîne du traitement. Il est aujourd’hui davantage qu’un simple dispensateur de traitements de support pour devenir un accompagnateur de soins aigus.
Cette évolution est induite par les thérapies ciblées, notamment les chimiothérapies orales et par un report de plus en plus fréquent des soins hospitaliers vers une prise en charge ambulatoire. Or les titulaires et leurs équipes ne sont pas toujours préparés, ni outillés pour ce nouveau rôle. Même si 67 %* des patients déclarent rechercher un conseil auprès de leur pharmacien, entre deux dispensations d’anticancéreux (effets secondaires, interactions) et 87 % lui demandent spontanément un traitement complémentaire à leur chimiothérapie.
Pour mieux aider les pharmaciens à appréhender la prise en charge du patient cancéreux sous ses différentes facettes, le Laboratoire Biogaran lance le programme « Expertise Cancer ». Conçu selon le même modèle que le programme sur la maladie d’Alzheimer auquel se sont connectés 4 500 pharmaciens depuis 2014, il propose quatre modules de formation en elearning. Des séquences d’expertise en pathologies, en pratique officinale (effets secondaires, principales interactions) et en communication sont enrichies de plusieurs cas de comptoirs et de vidéos d’experts, évoquant différentes réalités de la prise en charge (initiation du traitement, refus du générique…). Enfin, un test de connaissances ainsi que des outils (fichiers de synthèse et plans de posologie imprimables) complètent ce programme d’environ deux heures.
Des éléments de réponse
Au sein du programme « Expertise Cancer », l’intervention de la psycho-oncologue, Catherine Adler, livre quelques clés au pharmacien dans la prise en charge psychologique du patient au comptoir. Il est en effet fréquent que les pharmaciens soient sollicités par les patients et leurs proches lors de l’annonce de la maladie ou face aux contraintes du traitement, sans y être préparés. Seulement 16 % des pharmaciens s’estiment d’ailleurs formés à l’approche psychologique d’un patient atteint d’un cancer.
Blandine Baudin, pharmacienne titulaire en Bourgogne, confirme ce besoin de disposer d’éléments de communication face aux patients et aux aidants. Car si la nécessité se fait ressentir de se former aux nouveaux protocoles et à leurs effets secondaires, le versant psychologique de la prise en charge ne doit pas être négligé. « Le pharmacien doit faire face aux non dits du patient et de son entourage, sans être lui-même nécessairement informé par les médecins. Il a tendance à vouloir résoudre toutes les questions soulevées par le cancer, au risque d’être lui aussi happé par l’effet miroir de la maladie », reconnaît-elle.
La titulaire dit avoir appris au fil du temps à prendre le recul nécessaire et à orienter les patients vers les interlocuteurs compétents. Ce qui ne l’empêche pas de jouer pleinement son rôle de pharmacienne au-delà de la délivrance des traitements. Elle met en garde ainsi ses patients, souvent tentés par les médecines parallèles, des nombreuses interactions de plantes avec les traitements anticancéreux. Elle attire l’attention des proches sur les précautions à prendre avec les débris de ces médicaments cytotoxiques. Ou encore, elle n’hésite pas à se déplacer au lit du patient pour déceler les besoins en matériel médical, douche accessoires… « Nous sommes le dernier maillon de la chaîne de soins », déclare-t-elle, regrettant toutefois que ce rôle du pharmacien ne soit pas davantage valorisé.
* Sources : « Les chiffres clés du cancer en France ». Inca-2014.
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