« ACTUELLEMENT, la stratégie européenne sur les perturbateurs endocriniens s’est enlisée sous l’influence des lobbies industriels », dénonce le député écologiste de l’Hérault Jean-Louis Roumegas. Dans un rapport voté le 25 février par la commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale, il tire la sonnette d’alarme au sujet de ces substances, en rappelant la menace inquiétante qu’elles représentent pour la santé publique. Il appelle la France, mais surtout l’Europe, à publier rapidement une nouvelle stratégie de lutte contre les perturbateurs endocriniens. « Ce dossier doit impérativement être traité à l’échelle communautaire, car il a des implications sanitaires, environnementales, industrielles et commerciales », juge-t-il. Il pointe une urgence à la fois « sanitaire », mais aussi « juridique ». « Pour le moment, il n’existe que le règlement REACH qui traite de perturbateurs endocriniens, mais il est très largement insuffisant car il n’en mentionne que quatre », explique Jean-Louis Roumegas.
Effet cocktail.
Les scientifiques estiment quant à eux que presque un millier de substances, présentes dans de nombreux produits de consommation courante, pourraient avoir des effets de perturbateurs endocriniens. « L’UFC-Que choisir a par exemple montré la présence de ces substances dans de nombreux produits d’hygiène et de cosmétique, y compris ceux destinés aux bébés », signale Jean-Louis Roumegas. La contamination peut intervenir par voie digestive, cutanée ou respiratoire. Les perturbateurs endocriniens agissent en bloquant, mimant ou bouleversant l’action d’une hormone, ce qui peut conduire à des dérèglements hormonaux et contribuer à la survenue de nombreuses maladies chroniques : cancers, obésité, maladies neurodégénératives, etc.
Contrairement à d’autres substances, leur toxicité ne dépend pas de la dose de produit ingéré, mais de la période d’exposition de l’individu. « Les périodes les plus vulnérables sont la période fœtale, la petite enfance et la puberté », énumère le député. De plus, ces substances peuvent provoquer à la fois un effet cumulatif et un effet cocktail : des molécules différentes sont suspectées d’avoir un effet démultiplié de perturbation endocrinienne. « Il existe une forte attente de la part des consommateurs et des associations, estime le députe de l’Hérault. Or la stratégie européenne sur les perturbateurs endocriniens date de 1999 et elle est complètement obsolète. Il y a donc urgence à légiférer. » Après les élections européennes, les députés qui planchent sur ce dossier envisagent de déposer une proposition de résolution, qui « aurait plus de force qu’un simple rapport ». En attendant, « la France, qui a été le premier pays à interdire le bisphénol A dans les contenants alimentaires, doit avoir un rôle moteur dans le débat européen », conclut Jean-Louis Roumegas.
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