« IL FAUT mettre l’officine au milieu de la sortie du malade, affirme Sophie Sergent. En 2020, la moitié des chimiothérapies se feront au domicile du malade, au lieu de 17 % aujourd’hui. Qui, mieux que le médecin, le pharmacien, l’infirmière, connaît le patient ? » Cette pharmacienne de Liévin (Pas-de-Calais) anime un réseau oncologique des URPS du Nord-Pas-de-Calais pour définir, avec les médecins hospitaliers, et faciliter la prise en charge à domicile des soins de support des malades.
La région souffre de trois principales pathologies : cancer, diabète, et affections respiratoires. Les URPS se sont donc saisies des premiers. « Les jeunes pharmaciens, et les étudiants en pharmacie, sont à l’écoute, relève-t-elle, rappelant que Jean-Louis Cazin dispense à la faculté de Lille un diplôme universitaire (DU) d’oncologie clinique pour pharmacien d’officine. Les soirées d’informations que nous organisons (déjà une à Valenciennes, dans le Nord, une seconde programmée dans le Pas-de-Calais) sont suivies. Boiron a animé une réunion sur le traitement par l’homéopathie du malade, avec beaucoup de participants. » Le laboratoire a d’ailleurs prévu une autre réunion.
La prise en charge du malade à son domicile fait intervenir médecin, pharmacien, psychologue, kinésithérapeute, coach de santé. « C’est un ensemble de professionnels qui voient le malade dans son milieu. » L’objectif du réseau est donc, dans un premier temps, d’établir des fiches techniques pour tous ces professionnels libéraux. « Nous avons une mission de conseil à fournir et à coordonner. Le dossier pharmaceutique (DP), par exemple, est un outil intéressant, avec un pouvoir d’alerte sur les contre-indications, mais chaque professionnel peut noter un besoin d’oxygène, une question de nutrition. Nous, pharmaciens, voyons aussi la famille, ajoute Sophie Sergent, et nous pouvons prévenir le risque de burn-out quand le parent soignant ne supporte plus cette charge. »
Pour une vraie connexion ville-hôpital.
Elle observe, avec satisfaction, l’intérêt des oncologues hospitaliers pour le travail préparatoire du réseau. D’autres expériences régionales existent déjà, dont l’expérience enrichit le travail du réseau nordiste. « Nous voulons faire valoir le rôle du pharmacien. À son entrée à l’hôpital, on demande au malade le nom de son médecin, pas de son pharmacien. C’est pourtant lui qui fournira le malade en produits, en matériel : il devrait donc être prévenu, avant la sortie. Une carte Ville-Hôpital du patient peut y répondre, tamponnée par chaque praticien, médecin, pharmacien, etc. Ce sont des indications que fournit le malade. C’est aussi pourquoi le pharmacien doit alimenter le DP du patient. »
La modernisation des hôpitaux entraîne le plus souvent une diminution du nombre de lits, c’est le cas bientôt à Lens. « De plus en plus de produits vont aussi sortir de l’hôpital, en conclut Sophie Sergent. Le pharmacien respecte le libre choix du malade, mais doit aussi lui faire savoir qu’il peut répondre à son besoin, surtout si, derrière lui, il est épaulé par des prestataires de qualité. C’est au malade de choisir entre le soin de ville et la HAD. Notre rôle, avec le milieu hospitalier, est de faire sortir le malade le plus vite, et aux meilleures conditions. Cela suppose une vraie connexion ville-hôpital. »
La consœur de Liévin estime que le réseau devrait avoir affiné un protocole d’ici à fin 2015, début 2016. Il faudra ensuite le faire approuver par les autorités sanitaires. « Un nouveau rôle pour le pharmacien d’officine, auquel il doit se préparer et se former. »
photo (JG) Sophie Sergent entend impliquer l’officine dans la sortie du malade.
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