LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Quels sont les principaux effets psychiques liés à l’absorption de Captagon ?
DENIS RICHARD.- Le Captagon a pour principe actif la fénétylline, une amphétamine proche de la méthamphétamine et de « l’ecstasy ». Connue des sportifs comme agent dopant, cette substance stimule la transmission dopaminergique et noradrénergique, et améliore la concentration. Elle a été jadis prescrite dans le traitement de la narcolepsie et de l’hyperactivité. Retirée du marché français en 1993 en raison des graves lésions cardiaques, elle a été classée depuis 1986 sur la liste des stupéfiants au plan international.
Son usage est associé à une grande résistance à la fatigue et au stress, à une hypervigilance et à une perte du jugement. Elle donne un sentiment d’invincibilité et supprime la sensation de douleur. Son usage régulier, en stimulant le circuit dopaminergique de récompense, est à l’origine du développement d’une rapide dépendance psychique visant notamment à éviter l’effet de dépression et de fatigue intense qui suit son effet.
Quelles autres drogues sont utilisées pour faciliter le passage à l’acte ?
De nombreux psychotropes facilitent le passage à l’acte, à commencer par l’alcool. Il faudrait citer l’usage du flunitrazépam (Rohypnol), bien connu pour son action désinhibitrice et déstressante, donnant également l’impression d’être invincible (par un mécanisme tout différent de la fénétylline puisqu’il s’agit ici d’une benzodiazépine) : c’est le classique « effet Roche ». Les psychostimulants, et donc les amphétamines, dominent. C’est l’exemple des kamikazes japonais pendant la Seconde guerre mondiale. Mais on pourrait citer aussi la cocaïne, et ses dérivés, administrée aux soldats allemands pendant la Première guerre mondiale. Quant aux opioïdes, ils suppriment la sensation de douleur mais ils ne sont pas toujours compatibles avec le passage à l’acte. Enfin, les psychodysleptiques (hallucinogènes) peuvent favoriser des passages à l’acte criminel, mais ne sont guère compatibles avec une action organisée.
Les conduites sectaires font souvent appel à l’usage de drogues (champignons hallucinogènes, mezcal…). Quel rôle cette toxicomanie collective joue-t-elle dans l’embrigadement sectaire ?
Le rôle des psychotropes est important dans certaines sectes, mais pas dans toutes bien sûr. Il peut être remplacé par d’autres techniques facilitant le conditionnement mental des affidés. S’agissant du cas présent, on peut noter que la célèbre secte des Haschichins, au Xe siècle, faisait consommer des hallucinogènes (datura) et du cannabis aux soldats partant combattre les Croisés ou les membres d’autres branches de l’Islam, notamment pour susciter des sensations et des visions censées évoquer le futur paradis qu’ils gagneraient lorsqu’ils mourraient au combat.
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