Outre les données épidémiologiques sur les overdoses (6 300 à 8 000 décès en Europe chaque année), l’OEDT donne les bases bibliographiques destinées aux politiques publiques et aux médecins afin de les guider sur l’utilisation de la naloxone par les usagers de drogues.
Les auteurs décrivent les bases pharmacologiques de l’overdose et l’action de la naloxone. Ils dressent également la liste des différentes formes de naloxone : injectable, orale, sublinguale, ainsi que leurs effets secondaires. Les auteurs indiquent également les modalités pratiques des programmes pilotes de naloxone à la demande.
Le spray nasal plébiscité
La naloxone en spray nasal est actuellement le meilleur candidat à ce genre d’utilisation, et cela pour deux raisons. La première est qu’il s’agit d’une formulation simple à utiliser, « même en pleine nuit, par des personnes non formées en situation de panique », souligne le Dr Jean-Michel Delile, directeur du comité d’étude et d’information sur la drogue et les addictions et membre de la commission nationale des stupéfiants et psychotropes de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
La seconde est que cette formulation jouit d’une bonne biodisponibilité, et d’un faible risque de faire passer l’utilisateur en situation de sevrage dès qu’elle revient à elle. « C’est un antagoniste des récepteurs opiacés sans effet agoniste, il y a peu de risque de manque au réveil », explique le Dr Delile qui pointe cependant un problème de tarification : il s’agit d’un médicament relativement cher.
La mise à disposition de naloxone pour les consommateurs d’opiacés fait partie des recommandations de novembre 2014 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui font suite à une inquiétante augmentation des intoxications par les médicaments opiacés aux États-Unis. « En France, nous sommes moins concernés par les overdoses de médicaments opiacés, mais nous avons le problème des overdoses des consommateurs de drogues », rappelle le Dr Jean-Michel Delile.
« L’ensemble des acteurs du soin et de la réduction des risques est plutôt favorable à l’utilisation de la naloxone par les usagers de drogues, explique-t-il, en cas d’overdose, les acteurs du soin ne sont pas présents, et il est important de donner aux utilisateurs ou à leur entourage un antidote simple à utiliser. »
Disponible au premier trimestre 2016
Plusieurs villes du Royaume-Uni, du Danemark, de l’Italie, de la Norvège, d’Allemagne et d’Estonie ont déjà lancé des expérimentations de naloxone en spray nasal.
En France, une demande d’autorisation temporaire d’utilisation (ATU) d’un spray contenant de la naloxone, développé par le laboratoire Indivior, a reçu un avis positif de l’ANSM. « Nous sommes en train de finaliser les conditions de dispensation et les documents de formation », nous assure l’agence, la mise à disposition dans le cadre de cette ATU devrait intervenir « au cours du premier trimestre 2016 ».
L’ANSM précise cependant qu’aucun dossier de demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM) n’a encore été déposé à ces jours. En novembre dernier, la FDA (Food and Drug Administration) a refusé, pour une question de dosage, d’accorder une autorisation de mise sur le marché américain au spray d’Indivior.
La question de la naloxone en spray figurera au programme d’une audition publique sur la réduction des risques menée par la HAS en avril prochain.
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