Près de 100 000 Français souffrent de dermatite atopique sévère, encore trop souvent assimilée à un simple eczéma. Une idée reçue parmi d'autres contre lesquelles lutte la première campagne nationale de sensibilisation « Ma peau est une prison » lancée par Sanofi Genzyme et l'Association française de l'eczéma*.
Neuf patients sur dix ont des démangeaisons quotidiennes intenses et 2/3 durant plus de 12 heures par jour, auxquelles s'ajoutent rougeurs, lésions récurrentes (peau sèche, crevasses, suintements), parfois surinfectées, et sommeil très perturbé. Les comorbidités atopiques sont fréquentes (asthme, rhinite allergique) et les répercussions psychologiques importantes : près de 1 patient sur 2 présente des symptômes d'anxiété et de dépression et souffre de l'impact de sa maladie sur sa vie professionnelle ou ses études. Les résultats préliminaires (sur 225 patients) de l'étude eclA réalisée avec l'Association française de l'eczéma confirment, sans surprise, que la qualité de vie est lourdement altérée, mais pointent aussi un sujet peu abordé : l'impact majeur de la maladie sur la sexualité, plus marqué encore en cas d'atteinte génitale.
Surproduction d'IL-4 et d'IL-13
À ce jour, il n'existe pas de traitement spécifique de la dermatite atopique sévère et les médicaments disponibles ont leurs limites. Mais les mécanismes physiopathologiques, internes et externes, sont mieux compris. La génétique n'explique pas tout, des mécanismes d'auto-immunité et l'environnement jouent aussi un rôle. Depuis quelques années, la prévalence augmente en effet dans les pays industrialisés et est plus élevée en ville qu'à la campagne. Une moindre biodiversité des microbiotes digestif et cutané semble également prédisposer au développement de la maladie. Enfin, certaines interleukines entrent en jeu. « Pour comprendre la cascade inflammatoire impliquée dans cette maladie, il faut partir de la barrière cutanée. Altérée, elle favorise la sensibilisation à des allergènes médiés par les IgE qui se fixent aux cellules de Langehans. Lesquelles, une fois stimulées, orientent la différenciation des lymphocytes T vers un profil dit Th2, explique le Dr Caroline Jacobzone, dermatologue au Centre hospitalier de Bretagne Sud à Lorient. Ces lymphocytes produisent alors des interleukines en excès, notamment IL-4 et IL-13, conduisant à une inflammation non contrôlée et chronique de la peau. » C'est l'identification de cette surproduction par l'organisme des interleukines IL-4 et IL-13 qui a abouti à la mise au point d'un traitement spécifique très attendu, le dupilumab.
D'après une conférence organisée par les Laboratoires Sanofi Genzyme.
* www.mapeauestuneprison.fr et https://associationeczéma.fr.
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