GROSSO MODO, la moitié de la population mondiale vit dans un pays ou la dengue est endémique, indique l’OMS. Il existe différents candidats-vaccins en phase d’essais précliniques, mais, à ce jour, il n’y a pas de vaccin finalisé, même si les recherches sont menées activement depuis une cinquantaine d’années. L’écueil le plus important à contourner pour la mise au point d’une prophylaxie contre la dengue tient à l’existence de 4?sérotypes (DENV 1-4). S’ajoute à cela le fait que la dengue est une infection uniquement humaine et qu’il n’y a pas de modèle animal pour faire les tests.
Ces derniers résultats indiquent qu’il est tout à fait possible de mettre au point un vaccin efficace et sûr.
Des chercheurs français (de l’Institut Pasteur) et thaïlandais présentent leurs résultats sur un candidat-vaccin nommé CYD-TVD, un vaccin recombinant vivant atténué, réalisé sur le modèle de la fièvre jaune. Des essais de phase I et II ont été entrepris en Asie du sud-ouest et en Amérique
latine. Un schéma vaccinal de 3 injections données sur une période de douze mois se révèle bien toléré et apte à faire produire des anticorps neutralisants.
Arunee Sabchareon et coll. publient maintenant la première investigation clinique de phase IIb sur l’efficacité thérapeutique de ce vaccin. Le candidat-vaccin CYD-TDV a été testé chez 4?002?enfants d’âge scolaire (de 4 à 11 ans) en Thaïlande. « L’étude a été menée en Thaïlande sur les recommandations de l’OMS, car la dengue est endémique dans ce pays, et les habitants ont une bonne connaissance de la maladie et de ses symptômes. »
Trois injections.
Le vaccin CYD-TDV a été administré à 2?669 enfants, tandis que 1 333 ont reçu un placebo (groupe témoin). L’objectif principal était d’évaluer l’efficacité protectrice après trois injections, contre une dengue symptomatique et confirmée virologiquement (ELISA, PCR), survenant plus d’un mois après la dernière injection.
Le DENV2, contrairement aux autres, résiste.
Au cours de l’étude, il y a eu 134 cas de dengue confirmés virologiquement. L’efficacité globale est de 30,2 %. Il n’y a pas de différence significative entre le groupe témoin (58 cas, 4,4 %) et le groupe des personnes « vaccinées » (76?cas, 2,8 %). Toutefois, les analyses secondaires révèlent un fait intéressant. C’est que l’efficacité est sensiblement différente selon les sérotypes. Ainsi, on observe qu’« une dose de vaccin ou plus réduit l’incidence des formes fébriles de DENV3 et DENV4 de 80 à 90 % ». Et contre DENV1, la réduction est moindre, mais intéressante tout de même, de l’ordre de 60 %. Ainsi, seul DENV2 apparaît résistant aux effets du vaccin dans cette étude.
Le profil de tolérance est bon, sans effets secondaires sérieux rapportés dans les deux ans qui ont suivi la première dose.
Les auteurs évoquent les limites de l’étude, conduite dans une seule aire géographique. Mais ils soulignent que ces résultats représentent une avancée substantielle pour ce qui est du vaccin contre la dengue. Selon Derek Wallace, coauteur et membre de l’Institut Pasteur (qui développe le CYD-TDV), cette étude « constitue la première investigation à ce jour montrant qu’un vaccin contre la dengue est réalisable ».
D’autres essais sur CYD-TDV sont actuellement en cours, dans d’autres pays, dans des situations épidémiologiques variées.
Vaccin à trois composants.
Dans un commentaire, Scott Halstead (Séoul) pose la question : une seule dose sera-t-elle suffisante pour combattre la forme sévère de la dengue qui nécessite la circulation de sérotypes multiples. « Des modèles mathématiques doivent être utilisés pour savoir si ce vaccin à 3 composants pourrait être utile ens stratégie préventive. » Selon l’OMS, 500 millions de personnes développent une forme sévère de dengue nécessitant une hospitalisation.
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