CE N’EST PAS le premier vaccin anti-VIH à l’essai. « Actuellement, il existe 25 essais à visée thérapeutique dans le monde, explique le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l’Agence nationale de recherche sur le Sida (ANRS). Il en existe une douzaine à visée préventive. L’approche de l’équipe du Dr Erwann Loret à Marseille fait suite à une démarche classique et s’appuie de façon originale sur la protéine Tat. Cette protéine extracellulaire, qui a une activité immunosuppressive, empêche la réponse immune de l’hôte. L’idée est de la bloquer à l’aide d’anticorps neutralisants afin d’améliorer la réponse immune. Un bémol cependant, certaines équipes remettent en cause l’importance du rôle de la protéine Tat dans l’évolution de l’infection. » Après quinze années de recherche préclinique, l’équipe marseillaise de l’hôpital de la Conception vient de recevoir le feu vert de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) pour lancer le premier essai de phase I/II avec un recrutement, qui devrait débuter dès février.
Stimuler la réponse immunitaire.
Le vaccin sera testé chez 48 patients ayant le profil du « malade idéal », c’est-à-dire séropositifs ayant une charge virale sous antirétroviraux. L’objectif de cette phase est d’évaluer la tolérance et de déterminer la dose optimale du vaccin. Pour ce faire, trois groupes recevront le vaccin à une dose différente et le 4e groupe un placebo. « L’efficacité vaccinale sera évaluée deux mois après l’arrêt du traitement antirétroviral, poursuit le Pr Delfraissy. Cet arrêt des antirétroviraux répond à la question posée dans l’étude de l’efficacité vaccinale. L’équipe s’attend à constater que la reprise de multiplication virale est retardée de quelques semaines à quelques mois. Mais l’on sait qu’elle va reprendre de toute façon à un moment donné et qu’il faudra reprendre le traitement antirétroviral. L’équipe cherche d’abord à prouver que la vaccination stimule la réponse immunitaire. »
Vers des rappels répétés.
Alors quelle est la stratégie envisagée à terme ? Le schéma de l’étude comprend trois injections intradermiques espacées d’un mois. « Vacciner avec des rappels successifs, explique le Pr Delfraissy. Au-delà du fait de pouvoir envisager des phases courtes d’arrêt de traitement antirétroviral, courtes sous peine d’alimenter un réensemencement du réservoir viral, des vaccinations répétées pourraient à l’inverse permettre de s’attaquer à ce fameux réservoir viral. Et pourquoi pas combiner ce nouvel outil avec d’autres, comme les nouvelles molécules anticancéreuses à l’essai également. »
Si les résultats de cette phase I/II, prévus fin 2013, sont bons, une phase IIb pourrait être lancée dans la foulée dès janvier 2014 chez 80 patients afin de valider l’efficacité vaccinale. « D’autres approches sont elles aussi à l’essai, précise le Pr Delfraissy. Certaines sont particulièrement intéressantes, comme les cellules dendritiques doublement ciblées ou encore la manipulation de cellules dendritiques, un peu plus lourde en pratique. Pour l’instant, on ne dispose d’aucun outil vaccinal, ni curatif, ni préventif. Nous sommes en pleine recherche, et pour un temps indéterminé encore. Chaque essai nous fait progresser un peu plus dans la connaissance de l’éradication et du contrôle du virus. »
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