DEPUIS PLUSIEURS jours, on sentait que l’organisation mondiale de la santé (OMS) était sur le point de passer au niveau d’alerte maximum. Après une ultime réunion de son comité d’experts jeudi, l’organisation internationale a finalement décidé de déclarer l’alerte pandémique. La première du XXIe siècle.
Depuis le début de l’épidémie, le virus A(H1N1) mutant a contaminé près de 30 000 personnes dans 74 pays et fait 145 morts. En France, où 80 cas bénins ont été jusqu’à présent recensés, le gouvernement a choisi de ne pas relever le niveau d’alerte et de maintenir le stade 5A. « Nous avons réuni un groupe d’experts qui ont unanimement confirmé que la situation n’impliquait pas le passage au niveau 6 ou 5B », expliquait la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, à l’issue de la réunion de la cellule Interministérielle de crise, vendredi. « Il n’y a pas en France de circulation active du virus », argumente-t-elle.
En fait, les autorités sanitaires craignent que l’épidémie se déclenche plutôt à l’automne dans l’Hexagone. Cette période de l’année est, en effet, plus propice à la transmission des virus grippaux. Toutefois, fait remarquer le Pr Sylvie Van der Werf, directrice d’une unité de recherches à l’Institut Pasteur (« Le Figaro » du 4 juin), « nous sommes dans une situation particulière puisque ce nouveau H1N1 diffuse actuellement aux États-Unis et au Canada, alors que c’est l’été, et donc hors des périodes classiques de circulation ». « Sans doute, le fait que la population est vierge de toute immunité la rend plus susceptible », ajoute-t-elle.
Une faible virulence.
De nombreux mystères entourent encore ce nouveau virus. Quelques-unes de ses particularités ont cependant été relevées. Par exemple, il possède la faculté de passer rapidement d’un individu à l’autre, en seulement trois jours. De même, ce virus semble s’attaquer préférentiellement au sujet jeune, la population âgée étant apparemment épargnée. Certains avancent prudemment qu’il est possible que les personnes contaminées avant 1957 par le virus A(H1N1) - qui circulait jusqu’alors en France, avant l’apparition du A(H2N2) -, soient protégées.
Autre caractéristique du mutant H1N1, sa relativement faible virulence. En effet, il n’apparaît pas pour le moment plus mortel qu’une grippe saisonnière : hormis au Mexique où il atteint 0,4 %, son taux de mortalité est de 0,1 % ; à titre de comparaison, le taux de mortalité du virus H5N1 de la grippe aviaire avoisine les 60 %.
Un vaccin à l’automne.
Malgré sa faible virulence, ce virus tue tout de même. Et le vaccin représente la meilleure protection. Mais il faudra être patient. Car les premières doses ne devraient pas être prêtes avant l’automne. « Nous avons reçu les souches de l’OMS la semaine dernière et nous sommes en train de les préparer en vue de lancer une production massive de vaccins contre le virus A(H1N1), indique le Dr Albert Garcia du laboratoire sanofi-Pasteur. Raisonnablement, il faut entre quatre et six mois pour produire un vaccin ». Pour le moment, l’OMS n’a encore rien demandé, mais le fabricant se prépare car, avant de proposer ce vaccin à la population, il devra préalablement faire l’objet d’un essai clinique. Autant donc ne pas perdre de temps. D’ailleurs aujourd’hui, la priorité de l’OMS reste la mise à disposition de vaccins contre la grippe saisonnière qui, rappelons-le, tue chaque année de 250 000 à 500 000 personnes.
Le laboratoire sanofi-Pasteur songe-t-il à fabriquer un vaccin qui protégerait à la fois contre la grippe saisonnière et celle due au virus A(H1N1) ? « Non, on ne mélangera pas les souches, même si cela est possible techniquement », répond au « Quotidien » Albert Garcia. D’abord, parce que les vaccins contre la grippe saisonnière sont déjà pratiquement produits. Ensuite, « il faudrait réaliser de nouveaux essais cliniques, et on perdrait beaucoup de temps », souligne le médecin épidémiologiste. Enfin, ajoute ce dernier, un vaccin pandémique est destiné à tout le monde, tandis qu’un vaccin saisonnier concerne surtout les personnes âgées ou fragilisées. Inutile donc de fabriquer un deux en un.
De son côté, le groupe pharmaceutique suisse Novartis semble avoir pris de l’avance. Il affirme avoir déjà produit un premier lot de vaccin contre le virus A(H1N1) sur lequel il va procéder à des études cliniques. La technique utilisée, la culture cellulaire, permet en effet une production plus rapide que l’utilisation d’œuf de poules. Le laboratoire bâlois qui prévoit de lancer les essais cliniques en juillet espère obtenir une licence d'ici à l'automne. Le contre-la-montre a démarré.
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