LA FIÈVRE DENGUE liée à un arbovirus transmis par piqûre de moustique (Aedes aegypti et albopictus) est une pandémie réémergente en zone endémique tropicale et subtropicale qui gagne d’autres régions du monde comme l’Europe avec l’urbanisation (réservoir viral humain des villes), les voyages, l’importation de larves de moustique dans les bambous, etc.
La dengue menace un tiers de la population mondiale. Deux millions de cas par an, en majorité des enfants, sont des formes sévères (hémorragiques, voire viscérales). La dengue semble difficile à éradiquer?: pas de traitement spécifique, prévention difficile (piqûre diurne : moustiquaire inopérante), mise au point d’un vaccin complexe.
Le candidat vaccin doit être tétravalent, souligne H. Tolol (Institut de recherche biomédicale des armées) : il y a 4 sérotypes viraux, un vaccin univalent ne protégerait donc pas contre une infection par les autres sérotypes, il y aurait même facilitation d’une plus grande sévérité de la maladie.
La recherche, active et diversifiée, s’attache notamment à la construction de vaccins tétravalents chimériques recombinants.
Des chercheurs de l’Institut Pasteur de Paris (programme MvdVax) élaborent un vaccin basé sur l’expression d’un antigène minimal tétravalent du virus de la dengue par un vecteur replicant viral dérivé du
vaccin vivant atténué de la rougeole. Celui-ci exprime ainsi une « construction » comprenant une séquence d’enveloppe et une protéine de membrane M favorisant l’apoptose cellulaire, adjuvante de la réponse immunitaire. Il induit des anticorps neutralisants pour tous les sérotypes et va être testé chez le singe. Le vaccin de la rougeole, très immunisant, confère une protection de longue durée. Le vaccin rougeole-dengue serait bien adapté aux populations les plus vulnérables, les enfants des régions endémiques. « Ce n’est pas un vaccin du voyageur », souligne Ph. Despres (Institut Pasteur, Paris).
Signalons qu’un vaccin rougeole-chikungunya (autre arbovirose ré-émergente) est aussi en évaluation préclinique précise S. Brandler (Institut Pasteur Paris).
Chimère fièvre jaune et gènes d’enveloppe du virus.
Le vaccin contre la dengue élaboré depuis 2001 par Sanofi Pasteur est un vaccin tétravalent, vivant atténué, recombinant, issu d’une chimère fièvre jaune (gènes réplicatifs non structuraux de l’actuel vaccin ) avec des gènes d’enveloppe de virus issus des formes de dengue hémorragique sévères qui codent pour les acides aminés des 4 sérotypes. Le vaccin sans conservateur, adjuvant ou antibiotique, se présente sous forme lyophilisée (utilisation facilitée en région tropicale). Il est administré par voie sous-cutanée à raison de trois injections espacées de six mois. Les contrôles de sécurité virologique, immunologique,de stabilité, ont été très stricts ; une mise à jour du vaccin ne sera pas nécessaire.
Il est destiné en priorité à vacciner en zone d’endémie, cependant le programme d’évaluation global concerne adultes et enfants en pays endémique ou non endémique. Des études de phase II (adultes et enfants) montrent une réponse immune équilibrée pour les 4 sérotypes ainsi qu’une bonne tolérance après chaque dose, souligne J. Lang (Sanofi Pasteur).
Les résultats de l’essai pivot d’efficacité, randomisé avec placebo (exigences des autorités locales), mené en Thaïlande dans 57 écoles, devraient être connus fin 2012. D’autres essais sont prévus, notamment en Australie chez des adultes. Sanofi Pasteur prépare déjà les futures conditions d’accès au vaccin : production industrielle, programme clinique, gestion des risques, collaboration avec le groupe Dengue Vaccine Initiative, etc.
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