Avec 5 000 nouveaux cas par an en France, le myélome multiple est un cancer rare (1 % des cancers) qui touche le plus souvent les plus de 65 ans. Les facteurs de risque connus les plus fréquents sont un antécédent familial au premier degré et une exposition prolongée aux pesticides. Il se caractérise par une prolifération anormale des plasmocytes, cellules issues des lymphocytes B, qui produisent des anticorps sous forme de protéines appelées immunoglobulines, lesquelles sont en excès dans la moelle et donc dans le sang. Il est toujours précédé d'une phase indolente (smoldering myeloma), de 10 ans parfois, et les premiers signes ne sont pas parlants (douleurs dorso-lombaires, fatigue, essoufflement…). C'est ce qui explique un diagnostic en général tardif, au stade des premières complications : fractures, insuffisance rénale, hypercalcémie…
Quand la maladie devient symptomatique, la stratégie thérapeutique actuelle consiste à faire une autogreffe, parfois deux, chez les plus jeunes (moins de 65-70 ans) et à prescrire chez les autres une première association de médicaments, puis une deuxième en changeant de classe. Depuis l'arrivée des inhibiteurs du protéasome et des immunomodulateurs, le pronostic a été bien amélioré. Malheureusement, « même quand il y a rémission, les patients finissent par rechuter et, jusqu'ici, aucun traitement ne permet de guérir le myélome multiple. À partir du moment où la maladie est réfractaire aux inhibiteurs du protéasome et aux immunomodulateurs, ou repart, la médiane de survie est inférieure à 9 mois », explique le Pr Philippe Moreau, chef du service d'hématologie au CHU de Nantes.
Survie allongée
D'où l'intérêt porté au daratumumab (solution à diluer pour perfusion) développé par Janssen et à son mécanisme d'action (voir l'encadré). La FDA l'a approuvé fin 2015, puis l'Agence européenne des médicaments en mai 2016 dans le cadre d'une évaluation accélérée. Un processus réservé aux médicaments susceptibles de présenter un intérêt majeur pour la santé publique. Depuis, en attendant sa note d'ASMR (amélioration du service médical rendu) et son prix, Darzalex est utilisé en France à l'hôpital en ATU. Son approbation s'est appuyée sur plusieurs études de phase 2 montrant qu'en monothérapie la médiane de survie chez ces patients lourdement préretraités était de 20 mois. « Chez 83 % des patients la maladie a été au moins stabilisée et 13 % ont été de très bons répondeurs, ce qui est un excellent résultat », commente le Pr Thierry Facon (CHU de Lille). De nombreuses autres études, plus conséquentes, sont en cours, dont PAVO qui teste la voie sous-cutanée et fait entrevoir une utilisation en ambulatoire. Autres voies en développement : une utilisation en association après une première rechute, d'autant plus probable que le profil de tolérance du daratimumab est très bon ; puis en première ligne comme l'étude Cassiopée en cours chez des moins de 66 ans le laisse présager.
D'après une conférence de presse organisée par les Laboratoires Janssen.
3 questions à…
Françoise Amouroux
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