SACS en plastique, bouteilles d’eau, emballages divers, entre 4,8 millions et 12,7 millions de tonnes de plastique entrent dans l’océan en un an, estiment des chercheurs américains qui ont publié en février leurs résultats dans le journal Science.** Avec le temps, les plastiques transportés par le vent et les courants, exposés au soleil et aux intempéries, se fragmentent pour former des particules de quelques nanomètres auxquelles s’ajoutent les microbilles des produits d’hygiène et les microfibres de tissus synthétiques. Les scientifiques de l’institut des 5 Gyres ont évalué le nombre de granules de plastique qui flottent actuellement sur la mer à 5,25 trillions, et leur poids à 260 000 tonnes, dans une étude portant sur six ans, présentée en décembre 2014.
De nombreux travaux ont montré que ces microplastiques sont ingérés par les animaux marins, du zooplancton aux mammifères en passant par les crustacés et les poissons. Ce phénomène inquiète les scientifiques. Tout d’abord, les microplastiques peuvent progressivement libérer leurs constituants, des monomères organiques et des plastifiants, dans les organismes qui les avalent. Par ailleurs, au cours de leurs périples maritimes, à cause leur nature hydrophobe, ces particules adsorbent et concentrent des substances chimiques toxiques également hydrophobes, présentes dans leur environnement. Ce sont notamment les retardateurs de flamme, dont les polybromodiphényléthers (PBDE), des hydrocarbures aromatiques polycycliques, des polychlorobiphényles (PCB), le DDT et des dioxines.
Anna-Marie Cook, coordinatrice régionale du programme pour les débris marins de l’agence de protection de l’environnement américaine (EPA), indique au « Quotidien » : « Des travaux ont montré que la contamination d’une particule de plastique peut-être de mille à un million de fois supérieure à celle de l’eau dans laquelle elle se trouve. »
Troubles endocriniens.
Depuis trois ans, des recherches effectuées dans des laboratoires européens et américains, chez des organismes divers comme le ver de vase, la moule et le poisson ont montré que ces particules et leurs contaminants peuvent être intégrés dans les tissus de ces animaux dont ils altèrent la physiologie. Ils y sont notamment responsables de troubles endocriniens. En 2014, Chelsea Rochman de l’université de Californie et ses collaborateurs, dont Anna-Marie Cook, ont montré que la concentration de PBDE dans les tissus de poissons-lanternes d’une région isolée de l’Atlantique sud était corrélée à la quantité de plastique dans les eaux desquelles ils provenaient. Dès 2012, Richard Engler, alors à l’EPA, indiquait : « (…) les plastiques dans l’océan semblent contribuer à la présence de substances toxiques persistantes et bioaccumulables (y compris) dans l’alimentation humaine. » Dans l’article du NIEHS, Nate Seltenrich souligne que d’autres chercheurs pensent que l’exposition humaine au plastique et à ses additifs a plus de chance de provenir du contact avec les produits originaux que de la consommation des produits de la mer. En tout état de cause, Anna-Marie Cook conclut : « Réduire l’utilisation de plastique, en particulier du plastique à usage unique, est la seule solution pour prévenir la contamination des animaux et des hommes. Il n’y a pas de place pour le plastique dans l’océan. Il n’y a pas de place pour le plastique dans notre corps. »
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques