CES CELLULES ÂGÉES, reprogrammées in vitro en cellules souches pluripotentes (iPSC, induced Pluripotent Stem Cells) ont retrouvé leur jeunesse et les caractéristiques des cellules souches embryonnaires : elles sont capables de se différencier en n’importe quelle cellule de l’organisme.
Ces résultats constituent une avancée importante pour la recherche sur le développement pathologique du vieillissement et une nouvelle étape vers la médecine régénérative.
Depuis 2007, quelques équipes de recherche dans le monde sont capables de reprogrammer des cellules de la peau en cellules souches pluripotentes qui présentent des caractéristiques et un potentiel similaires aux cellules souches embryonnaires humaines.
Mais jusqu’alors, les résultats de recherche publiés montraient qu’il était impossible d’effectuer cette reprogrammation sur des cellules sénescentes, c’est-à-dire des cellules arrivées à un stade ultime de vieillissement.
Les 4 facteurs classiques plus 2 supplémentaires.
Aujourd’hui, Jean-Marc Lemaître et son équipe viennent de démontrer qu’il est possible de faire remonter le temps à des cellules sénescentes.
Pour ce faire, ils ont utilisé une stratégie adaptée qui consiste à reprogrammer des cellules grâce à un « cocktail » spécifique de 6?facteurs génétiques tout en effaçant les marques de vieillissement.
Les chercheurs ont d’abord multiplié des cellules de la peau (fibroblastes) prélevées sur un donneur de 74 ans pour atteindre la sénescence, état caractérisé par un arrêt de la division cellulaire.
Ils ont alors procédé à la reprogrammation in vitro de ces
cellules en introduisant non pas les 4 facteurs génétiques classiquement utilisés (OCT4, SOX2,
C MYC et KLF4), mais en y ajoutant 2 facteurs supplémentaires (NANOG et LIN28).
Grâce à ce nouveau cocktail de 6 facteurs génétiques, les cellules sénescentes, reprogrammées en cellules souches pluripotentes, retrouvent leur capacité d’autorenouvellement et leur potentiel de différentiation, ne conservant aucune trace de vieillissement.
Elles possèdent les caractéristiques de cellules « jeunes » tant au point de vue de leur capacité proliférative que de leur métabolisme cellulaire.
Pour vérifier ces caractéristiques, les chercheurs ont testé le processus inverse. Les cellules iPSC ont été à nouveau différenciées en cellules adultes et comparées aux cellules âgées d’origine, ainsi qu’à celles obtenues à partir de cellules souches pluripotentes de type embryonnaire.
Un métabolisme rajeuni.
« Les marqueurs de l’âge des cellules ont été effacés et les iPSC obtenues ont acquis un métabolisme rajeuni, leur permettant de reproduire des cellules fonctionnelles de tout type avec une capacité de prolifération accrue », explique Jean-Marc Lemaître.
Compte tenu de ces résultats, le cocktail de 6 facteurs génétiques a été testé sur des cellules âgées de plus de 90 ans et jusqu’à 101 ans.
« Notre stratégie a fonctionné sur des cellules de centenaires. L’âge des cellules n’est définitivement pas une barrière à la reprogrammation », conclut Jean-Marc Lemaître en soulignant que ces travaux ouvrent la voie à l’utilisation thérapeutique des cellules iPCS à terme, comme source idéale de cellules adultes tolérées par le système immunitaire pour de futures applications cliniques.
Conférence de presse organisée par l’INSERM.
Étude publiée dans «?Gene and Development?».
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