La révolution des antiviraux à action directe (AAD) dans l’hépatite C n’est plus à démontrer. Depuis l’arrivée remarquée de Sovaldi (sofosbuvir) en France en 2014, d’autres AAD ont été mis sur le marché. Depuis 2016 l’hépatite C est considérée comme une affection longue durée (ALD) et à ce titre est prise en charge à 100 % par la Sécurité sociale. Depuis 2017, tous les patients peuvent accéder à ces médicaments et bénéficier de la prise en charge collective.
En mars 2018, les hépatologues de l’AFEF ont plaidé pour un parcours simplifié des patients en permettant la prescription des AAD par tout médecin, la délivrance dans toute pharmacie et le dépistage universel de tous. Le même mois, Maviret (glécaprévir + pibrentasvir) d’Abbvie était le tout premier AAD disponible en pharmacie d’officine. Le 2 avril suivant, c’était au tour des quatre antiviraux de Gilead : Epclusa (sofosbuvir + velpatasvir), Vosevi (sofosbuvir + velpatasvir + voxilaprévir), Harvoni (ledipasvir + sofosbuvir) et le fameux Sovaldi. Suivait, en août 2018, Zepatier (grazoprévir + elbasvir) de MSD. Des traitements dont les boîtes prévues pour un mois de cure, la thérapie durant de 8 à 16 semaines selon les cas, affichent des prix compris entre 6 500 et 14 500 euros TTC.
Lever l’obstacle
Annoncé par le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, le 15 mai 2018, à l’occasion de la Journée nationale de lutte contre les hépatites virales, le décret de l’élargissement de la prescription à tous les médecins se fait attendre. Mais cet élargissement est aussi une source d’inquiétude à l’officine. Pour René Maarek, titulaire à Montreuil (Seine-Saint-Denis), la présentation par les patients concernés d’une prescription hospitalière signifie que les droits du bénéficiaire ont été contrôlés, la délivrance sous tiers payant se fait donc sans angoisse. « Demain, lorsque les patients viendront avec une prescription de ville, cette garantie des droits mis à jour par le service social hospitalier n’existera plus. Or la pathologie concerne pour partie une population potentiellement marginale, c’est pourquoi il est essentiel de s’assurer que les boîtes délivrées seront bien remboursées aux pharmaciens. Je crains qu’au premier refus de paiement, cela bloque toute délivrance et donc toute cette politique d’éradication de la maladie », explique René Maarek. Au prix de la boîte, le préjudice serait élevé.
Pour lever cet obstacle, c’est en tant que président de l’Union des pharmaciens de la région parisienne (UPRP) qu’il s’est adressé aux commissions paritaires locale et régionale. « J’ai proposé la mise en place d’un numéro vert que le pharmacien peut composer au moment de la délivrance d’un AAD, afin d’obtenir une sorte d’accréditation pour garantir le futur paiement de la boîte. » Une garantie nécessaire pour que l’éradication de l’hépatite C soit véritablement l’affaire de tous. « Nous avons un rôle important à jouer dans le dialogue, 4 millions de patients poussent chaque jour la porte d’une pharmacie », ajoute le titulaire. Après les autotests VIH, il espère que demain, ce sera au tour des TROD en officine aussi bien pour le VIH que pour l’hépatite C, « car le défi c’est de détecter les malades qui s’ignorent ».
* D’après une table ronde du colloque « Focus Hépatite C » organisé par le Groupe Profession Santé.
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