La jeune femme, atteinte d'une poly-endocrinopathie auto-immune avec atteinte thyroïdienne et surrénalienne, a d'abord été vue par une endocrinologue qui l'a ensuite orientée vers les équipes du Pr Michaël Grynberg, chef du service de médecine de la reproduction et préservation de la fertilité, et du Dr Christophe Sifer, responsable du laboratoire de biologie de la reproduction, de l'hôpital Jean-Verdier AP-HP de Bondy. Face à la vitesse de la perte folliculaire constatée à l'échographie, et à la non-réponse des follicules qui résistent à la maturation in vivo, les médecins lui proposent une préservation de la fertilité. « Il était impossible de faire une stimulation hormonale classique par FSH, en raison de la résistance aux hormones qu'elle présentait, ou de pratiquer une cryopréservation du tissu ovarien », explique au « Quotidien » le Pr Grynberg.
Les équipes du Pr Grynberg et du Dr Sifer ont donc proposé d'utiliser la technique de maturation d'ovocytes in vitro (MIV), qui a permis la naissance d'un enfant pour la première fois en 1993 aux États-Unis, mais qui donne de moins bons résultats que les FIV classiques. Cette technique consiste en un prélèvement d'ovocytes immatures par ponction ovarienne à travers le vagin, sous contrôle échographique et anesthésie locale, sans aucune stimulation ovarienne préalable. En l'occurrence, deux cycles ont été réalisés, permettant de récolter moins d'une dizaine d'ovocytes. Ceux-ci ont ensuite été maturés au laboratoire pendant 24 à 48 heures, dans un milieu de culture fait d'hormones et de facteurs de croissance, permettant pour un certain nombre d'entre eux, d'atteindre la maturité (ce qui prend naturellement, in vivo, une dizaine de jours) et d'être fécondés en vue d'une vitrification embryonnaire – préférée à la vitrification ovocytaire pour les couples, décrit le Dr Sifer.
Lorsque le couple fait part de son désir d'enfant, un an plus tard, les embryons sont décongelés et transférés dans l'utérus, intact, dans cette pathologie, et préparé (via œstrogènes). Compte tenu de l'âge, du parcours de la femme, et des résultats historiques de la MIV, l'équipe a choisi d'en implanter deux. Donnant naissance à ces jumeaux de près de 3 kg.
Un nouveau champ pour la préservation
Près de 6 000 bébés sont déjà nés par cette technique de maturation in vitro. Elle a d'abord été utilisée dans le traitement de l'infertilité, pour des femmes avec un syndrome des ovaires polykystiques, pour qui une stimulation présenterait des risques d'hyperstimulation sévère.
Puis, avec la possibilité de congeler des ovocytes, cette technique s'est élargie à la préservation de la fertilité dans l'oncologie, en cas d'urgence (pour une femme qui aurait besoin immédiatement d'une chimiothérapie néoadjuvante) ou/et en cas de contre-indication à la stimulation hormonale dans les cancers hormonodépendants (notamment du sein). Mais c'est la première fois que la MIV est utilisée pour une femme avec une atteinte ovarienne auto-immune.
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