CYSTITES, pyélonéphrites… Les conséquences des infections urinaires bactériennes sont non seulement douloureuses, elles peuvent se révéler sévères, voire très sévères. Avec la prévalence importante de ce type d’infections, et l’émergence de résistances aux antibiotiques, la découverte de stratégies thérapeutiques alternatives devient une urgence.
« L’écologie bactérienne est dans une dynamique de résistance impressionnante et inquiétante, explique le Dr Vincent Hupertan, urologue à l’hôpital Bichat à Paris. Après la résistance à l’Augmentin, qui était le traitement de première intention à l’époque pour les infections urinaires, on a vu apparaître une résistance aux quinolones. Je commence à voir, depuis quelques années, des patients qui ne répondent plus à aucun antibiotique par voie orale, il leur faut des traitements par voie intraveineuse, qui sont réservés à l’usage hospitalier. » Dans ce cadre, l’accent doit être mis sur la prévention. Il s’agit d’éduquer les patients aux comportements préventifs, mais au niveau médicamenteux, une seule molécule a pour l’instant fait ses preuves contre l’adhésion bactérienne aux parois de la vessie : la canneberge. « Malheureusement une fois que l’invasion tissulaire a commencé, la canneberge n’a plus d’effet – elle n’agit pas sur l’invasion, et n’a pas d’effet bactéricide », explique le praticien.
Dans une étude publiée la semaine dernière dans « PLOS Pathogens », des chercheurs de l’université de Californie à San Diego rapportent avoir découvert un nouveau composé, non-antibiotique, capable d’agir sur l’adhésion et sur l’invasion du tissu vésical et rénal par la bactérie Escherichia Coli – le pathogène responsable de la plupart des infections urinaires.
Une molécule pour stimuler le système immunitaire.
La molécule, baptisée AKB-4924, fait partie d’une famille de composés actuellement explorée pour stabiliser un complexe protéique du système immunitaire : « le facteur HIF-1 induit par l’hypoxie » (HIF pour Hypoxia Inducible Factor). AKB-4924 agit en retardant la dégradation de ce régulateur de transcription, dont la demi-vie est courte. En d’autres termes : AKNB-4924 booste le système immunitaire de l’hôte.
L’équipe rapporte que, dans ses expériences in vitro, l’AKB-4924 a permis de protéger des cellules épithéliales de vessie humaines contre l’infection à E.Coli – elles étaient davantage résistantes à l’adhésion bactérienne, l’invasion, et lwa mort cellulaire que les cellules non traitées. Même résultat in vivo chez des souris à qui l’AKB-4924 avait été injecté directement dans la vessie. De plus, l’inflammation due à l’infection était largement réduite chez les souris traitées par rapport aux non traitées. Enfin, chez des murins dont la vessie avait été infectée quelques heures avant le traitement, la colonisation bactérienne était réduite d’un facteur 10 par rapport à des souris non traitées.
La prochaine étape consistera à concevoir une version de la molécule susceptible d’être administrée oralement chez l’homme dasn le cadre d’essais cliniques. Comme l’indique le Dr Hupertan (qui n’a pas participé à l’étude), l’approche est séduisante pour une éventuelle utilisation en prophylaxie mais aussi en traitement de l’infection. « Pour les cystites simples, si on pouvait traiter l’invasion et l’inflammation sans antibiotiques ça serait fantastique. Mais l’avenir des traitements est aussi multimodal. Avec un tel traitement on pourrait imaginer, pour les cystites récurrentes, agir à la fois sur l’invasion, en aidant le corps à se défendre, et sur la bactérie, avec les antibiotiques », conclut-il.
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