L’ÉTUDE randomisée en double aveugle a été menée sur 12 patients atteints de glioblastome, ayant déjà subi une résection chirurgicale et traités par chimiothérapie. Tous ont ensuite reçu un vaccin antitumoral dendritique, mais seulement la moitié d’entre eux a bénéficié d’un préconditionnement : un rappel du vaccin contre le tétanos et la diphtérie. L’autre moitié a reçu une injection placebo.
Dans le groupe de patients dits « non conditionnés », les chercheurs rapportent une survie sans progression médiane de 10,8 mois et une survie globale de 18,5 mois (à partir du diagnostic). Ces résultats sont conformes à ce que l’on observe avec une approche thérapeutique traditionnelle, notent les auteurs. Dans l’autre groupe, 3 patients sur 6 étaient encore en vie et sans signe de progression tumorale à la fin de l’étude – 40 mois de suivi. D’après l’auteur principal, le Dr John Sampson, du Duke Cancer Institute en Caroline du Nord, ces 3 patients ont survécu bien plus longtemps que le cadre de l’étude : 4,8 ans (57,2 mois) pour l’un, 5,9 ans (70,4 mois) pour un autre, et le troisième serait encore en vie et sans signe de progression tumorale 8,8 ans (106,1 mois) après le début du traitement.
Un cancer difficile à traiter.
Si l’étude est de petite envergure, ses résultats devraient néanmoins susciter un vif intérêt puisque le glioblastome, qui touche environs 2 400 nouvelles personnes en France chaque année, est non seulement le plus fréquent des cancers primitifs mais également le plus agressif. Du fait de la rapidité avec laquelle il est susceptible de récidiver, il est également le cancer cérébral le plus difficile à traiter – avec des taux de survie médians de 15 mois, d’après le Dr Duane Mitchell, de l’université de Floride, co-auteur de l’étude.
Dans la recherche de nouveaux traitements, l’approche reposant sur l’utilisation de cellules dendritiques porteuses d’antigènes tumoraux s’est révélée plutôt frustrante. Théoriquement les cellules dendritiques migrent jusque dans les ganglions lymphatiques, où la réponse immunitaire antitumorale est déclenchée. Mais en pratique, seulement 5 % des cellules dendritiques atteignent leur cible, selon les auteurs d’un commentaire lié à l’article.
Booster la migration dendritique.
Des études sur la souris ont cependant montré qu’il était possible d’améliorer la migration dendritique en injectant des molécules de TNF-alpha pour générer une inflammation au niveau du site de vaccination. Les auteurs ont donc reproduit cette approche chez l’homme, en utilisant la vaccination contre la diphtérie et le tétanos, des vaccins obligatoires et dont le rappel est susceptible de provoquer une réaction inflammatoire importante.
L’équipe rapporte effectivement un accroissement du taux de cellules dendritiques dans les ganglions lymphatiques des patients préconditionnés par rapport aux patients témoins. Suite à leurs analyses effectuées ultérieurement sur des souris, les auteurs émettent l’hypothèse que le rappel anti-tétanos provoquerait la migration des cellules dendritiques en stimulant la production de certaines chimiokines – protéines de signalisation spécialisées dans la migration cellulaire.
Des études de plus grande envergure devront être menées pour confirmer l’efficacité de cette approche et les mécanismes d’actions à l’œuvre, qui pourraient servir à améliorer l’immunothérapie pour d’autres types de cancer.
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