Un taux de cholestérol non-HDL élevé, avant même l’âge de 45 ans, est associé à une augmentation du risque d’événement cardiovasculaire à long terme, et ce de manière d’autant plus marquée que la durée d’exposition à un niveau élevé de non-HDL est longue. C’est ce que montre une étude internationale publiée dans étude internationale publiée dans « The Lancet ».
Cette étude s’appuie sur les données de 1970 à 2013 du Multinational Cardiovascular Risk Consortium. « Ce consortium réunit des équipes du monde entier qui mettent en commun leurs données d’études prospectives pour obtenir des résultats suffisamment solides et généralisables », explique au « Quotidien » le Pr Philippe Amouyel, professeur de santé publique au CHRU de Lille et co-auteur de l’étude. Ainsi, cette étude regroupe 38 cohortes, soit près de 400 000 individus provenant de 19 pays d’Europe, de l’Australie et d’Amérique du Nord.
Le LDL cholestérol, mais pas que
Les auteurs se sont intéressés au cholestérol non-HDL (taux de cholestérol total auquel est soustrait le cholestérol HDL, le « bon cholestérol ») : cela comprend le LDL et d’autres fractions lipidiques qui favorisent également l’athérosclérose.
L’effet d’une baisse de 50 % du niveau de cholestérol non-HDL en prévention primaire a été simulé en fonction du sexe, de l’âge, du nombre de facteurs de risque cardiovasculaires modifiables (tabagisme, hypertension, diabète et obésité). Globalement, cette baisse permet de réduire le risque cardiovasculaire à tout âge, aussi bien chez les hommes que chez les femmes, mais le bénéfice est d’autant plus important chez les individus de moins de 45 ans.
Par exemple, pour une femme de moins de 45 ans présentant au moins deux facteurs de risque et un taux de non-HDL compris entre 3,7 et 4,8 mmol/L, le fait d’abaisser de moitié ce taux diminue le risque cardiovasculaire à 75 ans de 15,6 à 3,6 %. Chez une femme de plus de 60 ans, présentant les mêmes caractéristiques, le risque passe de 11,9 à 5,7 %. Le risque diminue également lorsque le taux est réduit de 50 % après 45 ans, mais de manière moins significative.
Essais cliniques nécessaires
« Ces résultats renforcent l’idée que la réduction du cholestérol non-HDL par des hypocholestérolémiants, comme les statines, est associée à la réduction du risque cardiovasculaire, et montre que plus le risque est identifié tôt, plus le bénéfice est important », résume Philippe Amouyel, précisant qu’il s’agit de simulations.
Cette étude de grande ampleur ouvre ainsi la voie à des essais cliniques sur l’intérêt de la prise en compte du cholestérol non-HDL comme facteur de risque et sur l’impact des traitements hypolipémiants prescrits sur plusieurs décennies. Si les résultats venaient à confirmer ces observations épidémiologiques, les recommandations en prévention primaire pourraient évoluer.
F Brunner et al. «The Lancet ». DOI:https://doi.org/10.1016/S0140-6736(19)32519-X.
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