LA SINUSITE chronique, une inflammation et infection de la muqueuse des sinus persistant plus de trois mois, affecte plus de 30?millions d’Américains chaque année. L’inflammation et l’excès de mucus dans les sinus entraîne divers symptômes (douleurs, maux de tête, fatigue...) affectant la qualité de vie.
Son étiologie reste pourtant obscure, et l’on sait peu de chose sur la composition de la flore bactérienne normale des sinus.
Une étude d’Abreu et coll., publiée dans « Science Translational Medicine », apporte un nouvel éclairage.
Les chercheurs ont comparé le profil de la flore bactérienne (microbiote) dans les sinus maxillaires de 10 patients souffrant de sinusite chronique et de 10 témoins sans sinusite, qui subissaient tous une chirurgie des sinus.
Le profil bactérien a été analysé, non pas par culture, mais par une technologie de pointe – une puce phylogénétique identifiant l’ARN ribosomal bactérien (PhyloChip ARNr 16S).
Perte de la diversité bactérienne.
Les résultats montrent une perte de la diversité bactérienne dans le microbiote des patients souffrant de sinusite chronique, avec perte notable des bactéries productrices d’acide lactique (notamment Lactobacillus sakei), ainsi qu’une augmentation de Corynebacterium tuberculostearicum.
C. tuberculostearicum est une bactérie commensale de la peau, autrement dit elle est présente sur la peau saine et considérée comme inoffensive. Utilisant un modèle murin, les chercheurs ont confirmé son potentiel pathogène dans les sinus. L’instillation de C. tuberculostearicum contribue au développement de la sinusite chez les souris, mais uniquement en présence d’un microbiote appauvri (par traitement antibiotique).
À l’opposé, la coïnstillation de Lactobacillus sakei chez la souris est suffisante pour offrir une protection contre la sinusite induite par C. tuberculostearicum, cela même en présence d’un microbiote appauvri.
Si ces effets sont confirmés chez l’homme, L. sakei pourrait donc offrir une nouvelle thérapeutique pour la sinusite chronique.
« Cette étude démontre que la santé muqueuse des sinus est hautement dépendante de la composition du microbiote résident, et identifie à la fois un nouvel organisme pathogène pour les sinus et un solide candidat bactérien pour une intervention thérapeutique », concluent les chercheurs.
« Étant donné que les symptômes de la sinusite chronique ne guérissent que chez 15 % des patients traités par antibiotiques, et que cette étude démontre que la perte de la diversité microbienne est un élément clé de la sinusite, nous suggérons que l’administration d’antibiotiques sans une approche pour restaurer le microbiote pourrait être en fait plus nuisible, mais il est clair que des études supplémentaires seront nécessaires pour confirmer cette hypothèse », confie au « Quotidien » le Dr Susan Lynch (université de San Francisco) qui a dirigé ce travail.
Une autre implication est que des espèces bactériennes inoffensives dans un cadre (C. tuberculostearicum sur la peau) peuvent être pathogènes dans un autre (les sinus).
Les prochains objectifs de l’équipe : conduire un essai clinique de restauration du microbiote dans les sinus ; et comprendre comment les espèces Lactobacillus protègent la muqueuse des sinus.
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