LE JEÛNE se porte bien, sa pratique est en hausse, selon l’hebdomadaire « la Vie », qui publie une étude à l’occasion des premières assises chrétiennes du jeûne, à Saint-Étienne, le week-end dernier. Mais la santé des jeûneurs est une autre histoire et l’intérêt du jeûne, en termes métaboliques, demeure controversé. Parmi les motivations indiquées par les jeûneurs, la première vise à « purifier, désintoxiquer et revitaliser mon organisme » (60 % des 560 personnes interrogées par le sociologue Jean-François Barbier-Bouvet). Vient ensuite l’envie de « prendre du recul par rapport à la vie quotidienne » (48 %), « retrouver la paix intérieure » (41 %), « être plus à l’écoute de mon corps » (38 %).
Après ces arguments de caractère holistique viennent les motifs reliés à la spiritualité ou à la religion : « Poursuivre une recherche spirituelle ou une quête de sens » est une motivation avancée par 33 % des jeûneurs consultés, « équilibrer ma relation à la nourriture » et « approfondir ma foi en Dieu » viennent ensuite à égalité (28 %), juste devant « pratiquer une ascèse spirituelle et personnelle » (26 %). Dix pour cent des pratiquants veulent aussi « expérimenter une nouvelle démarche en Église ».
Ces jeûneurs sont très majoritairement des femmes (71 %), 90 % d’entre eux ont au moins le bac et plus de la moitié ont entre 45 et 59 ans ; 69 % se déclarent chrétiens, 27,5 % sans religion et 3,5 % se réclament d’une « autre religion ».
L’intérêt pour le jeûne semble remonter à la nuit des temps. Hippocrate, Socrate et Platon le recommandaient comme un repos physiologique propre à aiguiser l’esprit. Mais ces dernières années, diverses associations internationales se sont constituées pour promouvoir son intérêt thérapeutique, sur des fondements scientifiques, en dehors de tout contexte religieux ou spirituel (IAHP, International Association of Hygienic Physicians, National Health Association, American Natural Hygiene Society). Elles font la promotion de supposés effets bénéfiques variés : soulager l’arthrite rhumatoïde, contribuer au traitement de la HTA, améliorer le sommeil et évidemment induire une perte de poids.
Aucune justification médicale.
Malgré les études qu’elles réalisent, le Pr Serge Hercberg, directeur de l’unité de recherche 557 INSERM/INRA/CNAM/Paris XII Épidémiologie nutritionnelle, déclare n’avoir jamais été confronté lui-même à la question dans le cadre des nombreuses publications autour du PNNS (programme national Nutrition Santé), qu’il pilote depuis 2001. « En matière nutritionnelle, estime-t-il, c’est la régularité du rythme d’alimentation qui est privilégiée. L’intérêt métabolique de cesser la prise d’aliments, pour une période plus ou moins limitée, ne repose, à ma connaissance, sur aucune justification médicale. Au contraire, le jeûne est suspect d’un certain nombre d’effets délétères, au premier rang desquels le risque de crise d’hypoglycémie. La dimension purificatrice du jeûne s’inscrit dans un contexte religieux et, de plus en plus souvent, dans des milieux de type sectaire, avec des risques de dérives. »
La recommandation du jeûne thérapeutique est souvent associée à l’ostéopathie, à la chiropractie et à la naturopathie. C’est ainsi que l’IAHP organise des stages de formation « certifiés », des séminaires de courte durée, ou des cours d’hygiénisme à distance consacrés à la « fasting supervision » (surveillance du jeûne), destinés, selon son site Internet, aux « professionnels de santé ».
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