« Les violences sexuelles entraînent un traumatisme corporel et sensoriel », indique le Dr Violaine Guérin, endocrinologue, gynécologue et présidente de l’association Stop aux violences sexuelles, lors des 6es assises internationales sur les violences sexuelles qui ont eu lieu à Paris les 7 et 8 janvier 2019. L’endométriose est l’une des conséquences méconnues de ces abus. « Cette pathologie est en effet surreprésentée chez les victimes de violences sexuelles », souligne le Dr Guérin.
Une étude américaine parue il y a quelques mois dans « Human Reproduction » montre qu’avoir subi des abus sexuels et physiques au cours de l’enfance est associé à un risque accru d’endométriose (1). « Il s’agit de l’étude la plus robuste sur le sujet à l’heure actuelle », souligne Marina Kvaskoff, épidémiologiste et chercheuse spécialiste de l’endométriose à l’INSERM.
21 % ont subi des violences sexuelles et physiques
Au total, 60 595 femmes de la cohorte Nurses’ Health Study II ont été incluses, dont 3 394 ont eu un diagnostic d’endométriose confirmé par laparoscopie (cœlioscopie). Parmi l’ensemble des femmes, 32 % ont rapporté des violences physiques, 12 % des violences sexuelles et 21 % des violences physiques et sexuelles.
Par rapport aux femmes qui n’ont subi aucun type de violence, celles qui ont subi des violences physiques sévères durant l’enfance présentent un risque 20 % plus élevé d’endométriose confirmée, et celles qui ont subi des violences sexuelles sévères un risque de 49 %. Ce risque atteint 79 % pour celles qui ont subi des violences sévères à la fois physiques et sexuelles.
« Cela ne signifie pas que l’endométriose a une origine traumatique. L’endométriose est multifactorielle, et les violences subies pendant l’enfance constituent un facteur de risque potentiel », note Marina Kvaskoff. Les mécanismes expliquant le lien entre violences sexuelles et endométriose ne sont pas connus. « Les violences subies pendant l’enfance entraînent un stress interne pouvant favoriser une inflammation chronique, ce qui pourrait expliquer ce lien », propose l’épidémiologiste. « La somatisation est d’autant plus importante que les violences ont été subies jeunes », précise le Dr Guérin.
Dépister les antécédents de violence
La présidente de Stop aux violences sexuelles déplore par ailleurs le fait que les recommandations sur la prise en charge de l’endométriose élaborées par la Haute autorité de santé et le Collège national des gynécologues et obstétriciens français n’aborde pas ces questions. « Connaître les antécédents de violences sexuelles des femmes atteintes d’endométriose permet la mise en place d’une prise en charge adaptée qui peut leur changer la vie », avance le Dr Guérin. Elle incite de plus les médecins à interroger leurs patientes sur les antécédents de tous types de violences : « les médecins généralistes peuvent être moteurs pour les dépister ».
Selon Santé publique France, l’endométriose toucherait environ 10 % des femmes ; elle concernerait près de 40 % des femmes souffrant de douleurs chroniques
pelviennes.
(1) H.R. Harris et al., Human Reproduction, doi:10.1093/humrep/dey248, 2018
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