Plus de 700 officines du Nord, du Pas-de-Calais et de l'Aisne, sont conviées à participer, pendant quatre ans, au « repérage-dépistage ciblé du risque neuro-cardio-vasculaire en pharmacie de ville ». L'objectif de l'agence régional de santé (ARS) et de l'URPS pharmacien est d'identifier 40 000 personnes « à risque ». Cent cinquante officines étaient déjà engagées à la mi-mars, et 4 formations ont eu lieu à Béthune et Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), Douai et Valenciennes (Nord), pour le premier secteur. Quatre sessions sont prévues en septembre pour le second secteur.
Le bassin minier et la Sambre-Thiérache ont été retenus par l'ARS, qui finance à hauteur de 1,75 million d'euros. La mortalité, toutes causes confondues, y est supérieure à la moyenne nationale, de 29 % pour les hommes et de 21 % pour les femmes. Pour les maladies cardiovasculaires elle dépasse la moyenne nationale de 35 %. Ce dépistage est donc une priorité du projet régional de santé.
Un essai avait été effectué en 2016 sur Lens-Hénin : 37 pharmacies avaient mené 471 dépistages en 4 mois (voir le « Quotidien » du 3 novembre 2016). Une personne sur deux présentait un (ou plusieurs) facteur de risque, 80 % ont été dirigées vers un médecin.
Une convention avec la Fédération française de cardiologie
L'URPS a signé une convention avec la Fédération française de cardiologie (FFC) lors de la session de Vendin-le-Vieil, le 12 mars, où plus de 100 pharmaciens, adjoints et préparateurs étaient présents. L'URPS généralistes, la faculté de pharmacie de Lille, le centre hospitalier (CHU) de Lille, et la Société française de pharmacie clinique (SFPC) participent également.
« Passer par les pharmacies est logique, explique le Dr Van Bockstael, de l'ARS. Elles touchent le public le plus large et toutes les populations. » « Nous voulons agir sur l'écosystème, faire que tous les acteurs travaillent ensemble, insiste Grégory Tempremant, président de l'URPS pharmaciens. L'URPS médecins a contribué aux outils, la SFPC assure la formation. Nous avons la volonté d'établir un partenariat en faveur de la santé. » « La maladie cardiovasculaire, aux yeux du malade, est une maladie « propre », contrairement aux maladies dégénératives, rappelle le Dr Michel Lufiacre, de la FFC. La femme se soigne mieux que l'homme, mais moins sur les pathologies cardiovasculaires. Ce dépistage est donc une action prioritaire. »
Les outils du dépistage
Après une formation, les pharmaciens vont inviter leurs patients à ce dépistage. Natalia Kpogbemabou, cardiologue au CHU, membre de la FFC, explique que cela se fait par la mesure de la glycémie, la tension artérielle, le rapport poids/taille (indice de masse corporelle, IMC), le tabagisme, la sédentarité. Des repères aussi pour le risque de broncho-pneumonie chronique obstructive (BPCO).
Les « cibles » sont les hommes de plus de 40 ans, les femmes de plus de 50 ans, ou entre 18 et 50 ans après un diabète gestationnel, les personnes en surpoids, les fumeurs ou ex-fumeurs, avec antécédents de maladies cardiovasculaires ou d'AVC précoces, ou les femmes ayant accouché de bébé de plus de 4 kg.
Lors d'un entretien confidentiel, le pharmacien invite le patient à quelques tests qu'il enregistre dans l'ordinateur. Le « profil » définit un « degré de risque », et le pharmacien peut conseiller d'aller consulter un médecin, avec une lettre d'explication. Aude Imbenotte, pharmacienne à Sallaumines, Thierry Boucher, à Avion, ou encore Eric Bot, à Loison-sous-Lens, qui ont participé à l'expérience de 2016, l'ont trouvée trop brève et souhaitaient son développement. Eric Bot a même conçu un outil, l'Emoticœur, à remettre au patient : un petit disque avec des parts mobiles, chacune figurant un risque (tabac, nourriture, sédentarité, etc.). Lorsque le patient agit sur un risque, il diminue sa part, et accroît la partie verte, celle d'une meilleure santé. « Pour permettre au patient de visualiser son risque », et sa propre prise en main.
« L'objectif est la prévention, l'information et la formation du public », ajoute le Dr Lufiacre, qui cite les Parcours du cœur, du 15 mars au 15 mai, chaque année. Mille cent sont organisés en France, avec 250 000 participants, et plus 400 000 scolaires. « La moitié est dans les Hauts-de-France. »
Le Pr Benoît Allenet, pharmacien au CHU de Grenoble (Isère), membre de la SFPC, était formateur à Vendin-le-Vieil. Il rappelle aux officinaux leur double intérêt « parce qu'une officine n'est pas trop médicalisée, et rassure, parce que le « super-pharmacien » captive le patient ».
Le dépistage (rémunéré 25 euros) démarrera le 25 mars dans le bassin minier (Béthune-Bruay, Lens-Hénin, Douaisis, Valenciennes), et en octobre pour la Sambre-Thiérache (Cambrésis, Sambre-Avesnois, Vervins, Saint-Quentin, et Laon). Il prendra fin le 30 juin 2023.
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