ON SE RAPPELLE que la publication en 2002 de l’étude américaine WHI (Women Health Initiative*) avait jeté un discrédit considérable sur l’emploi des œstroprogestatifs dans le traitement hormonal de la ménopause du fait de l’observation dans le groupe traité d’une augmentation des événements cardiovasculaires, alors qu’un effet protecteur était attendu. « Une réanalyse des données permet d’avoir aujourd’hui un regard différent sur ces résultats. Le fait que les femmes étaient ménopausées en moyenne depuis 11 ans au début de l’étude a très probablement joué un grand rôle et il ainsi très clair que ce traitement ne doit pas être débuté après plusieurs années de ménopause, ce qui ne se fait d’ailleurs jamais en pratique quotidienne », a souligné le Pr Jean-François Arnal (Unité Inserm U 1048, CHU de Rangueil, Toulouse).
« Mais, cette étude d’intervention a aussi montré que le traitement hormonal œstroprogestatif de la ménopause réduit d’environ 30 % la survenue d’un diabète de type 2 et qu’il évite la prise de poids à la ménopause. Ces effets bénéfiques métaboliques pourraient être dus à un impact des œstrogènes sur le muscle squelettique, sur le foie, sur le tissu adipeux et/ou à des effets protecteurs sur les cellules pancréatiques productrices d’insuline – des travaux sur des modèles animaux ont d’ailleurs montré un effet bénéfique des œstrogènes sur la disparition de ces dernières », a poursuivi le Pr Arnal. Cela étant, pour l’instant, on ne connaît pas la contribution respective de chacun de ces types d’effets au regard de l’effet préventif sur l’insulinorésistance.
Miser sur le découplage des effets des œstrogènes.
Dans un autre ordre d’idée, le Pr Arnal a présenté des travaux très prometteurs, fruits d’une dizaine d’années d’efforts, réalisés par son équipe portant sur la « dissection moléculaire in vivo » des récepteurs aux œstrogènes qui présentent deux domaines indépendants, AF1 et AF2, susceptibles d’être activés séparément. « En effet, a expliqué le Pr Arnal, l’activation du domaine AF1 pourrait expliquer les effets des œstrogènes favorisant le cancer du sein et de l’endomètre, alors que celle du domaine AF2 est responsable de leurs effets bénéfiques sur l’os, la protection vasculaire et la prévention de l’obésité ». Ces chercheurs commencent à évaluer si certains SERMs (modulateurs sélectifs des récepteurs aux œstrogènes) ont la capacité d’activer AF2 sans activer AF1 et donc d’exercer les effets bénéfiques des œstrogènes sans en avoir leurs inconvénients. La piste des phytoestrogènes du soja, qui exercent plusieurs types d’action, semble également prometteuse de ce point de vue.
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