C'est une évidence partagée par le plus grand nombre, notre sang est rouge. Plus exactement, de couleur rouge vif, pour sa forme oxygénée, et de couleur plus sombre, tirant sur le violet pour sa forme désoxygénée. Cette vérité médicale pourrait pourtant être ébranlée au bénéfice de la cause thérapeutique. Modifier la teinte pourpre du liquide biologique et en faire un marqueur de suivi pharmacologique, telle est le principe développé par des scientifiques de l'École Polytechnique Fédérale de Lausanne (Suisse). Ces derniers ont mis au point une technologie innovante qui permet de surveiller la concentration de médicaments dans le sang d'un patient. Cette dosimétrie étant bien souvent essentielle pour déterminer l'efficacité d'un traitement. Leur technique met en œuvre un biocapteur qui change de couleur - virant du rouge au bleu - quand il est lié au médicament dans le sang du patient. Ce biocapteur est composé de trois éléments : une protéine capable de se lier au médicament, une enzyme électroluminescente nommée luciférase et une molécule de marquage fluorescente appelée SNAP-tag, que la protéine reconnaît et auquel elle s’attache lorsqu'aucun médicament n'est présent. Cette configuration provoque une réaction entre la luciférase et la molécule fluorescente, nommée « transfert d'énergie de résonance à bioluminescence » (BRET), produisant une lumière rouge. Lorsque le biocapteur détecte le médicament dans le sang du patient, il change de structure. Concrètement, le premier élément, la protéine, se détache de SNAP-tag et se lie au médicament. Comme SNAP-tag est déplacé, la réaction BRET est progressivement interrompue, ce qui émet une lumière bleue. C.Q.F.D. En pratique, pour le patient ou le médecin, il suffit d'insérer une goutte de sang dans un boîtier contenant le biocapteur et d'attendre que la concentration de médicament dans le sang s'affiche sur un smartphone. Le dispositif, particulièrement « léger » pourrait être salutaire dans les pays en développement où les équipements coûteux qui permettent le dosage des médicaments font souvent défaut. Pour l'heure testée sur trois médicaments (méthotrexate, théophylline et quinine), cette dosimétrie pourrait « s'adapter à un nombre virtuellement illimité de molécules », affirment ses concepteurs. Les biologistes médicaux ont du mauvais sang à se faire…
Dosimétrie
Votre sang va en voir de toutes les couleurs
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Publié le 22/05/2017
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Didier Doukhan
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Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3353
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