Sept génotypes du VHC ont été identifiés. En France, le génotype 1 est le plus fréquent (61 %), le 1a correspond aux usagers de drogues, il touche plutôt une population jeune, alors que le 1b concerne une population plus âgée contaminée par transfusion sanguine. Le génotype 4, lié aux migrants, est en expansion (de 9 à 20 %). Bien que les nouveaux antiviraux d'action directe (AAD) permettent d'obtenir une guérison virologique avec 12 semaines de traitement, sans adjonction de ribavirine chez la majorité de patients, il existe encore un besoin de nouveaux antiviraux avec des profils d'efficacité, de tolérance et de résistance améliorés.
Zepatier associe deux antiviraux à action directe ayant des mécanismes d'action distincts et des profils de résistance non chevauchants. L'elbasvir est un inhibiteur de la polymérase NS5A, et le grazoprévir est un inhibiteur de la protéase NS3A/4A. Il a fait l'objet d'un programme de développement clinique très diversifié chez plus de 3 000 patients atteints du génotype 1 ou 4, soit 71 % des personnes infectées par l'hépatite C en France. « Le médicament a fait la preuve de son efficacité avec une réponse virologique soutenue (RVS12) et un taux de guérison proche de 95 % chez un large éventail de patients, sans ou avec cirrhose compensée, englobant aussi bien des patients naïfs de traitement qu’un grand nombre de populations difficiles à traiter, comme les usagers de drogue ou co-infectés par le VIH, les personnes souffrant de troubles hématologiques graves ou d'insuffisance rénale chronique sévère », rapporte le Pr Christophe Hézode, hépatologue à l'hôpital Henri Mondor.
La durée de traitement est de 12 semaines sans adjonction de ribavirine, sauf pour des génotypes bien définis pour lesquels une prolongation de traitement à 16 semaines et une adjonction de ribavirine sont recommandées. Le profil de tolérance est globalement satisfaisant, comparable à celui des autres combinaisons à base d'inhibiteurs de protéase actuellement disponibles. Le médicament offre une simplicité de prescription qui favorise une observance optimale du traitement, la posologie est d'un comprimé une fois par jour. En conséquence, Zepatier apporte une réponse au besoin médical identifié avec un SMR important et un ASMR de niveau IV, au même titre que les autres combinaisons disponibles. Il est attendu un impact sur la morbi-mortalité et la qualité de vie des patients traités. Le médicament est disponible uniquement à l'hôpital et la prescription est réservée aux spécialistes en gastro-entérologie et en hépatologie, en médecine interne ou en infectiologie.
Vers un dépistage universel
« Nous avions deux défis à relever : donner un accès universel au traitement de l'hépatite C, dans des conditions économiques favorables. Nous avons joué le jeu avec des discussions constructives menées dans un esprit d'ouverture et de responsabilités avec les pouvoirs publics », se félicite Cyril Schiever, président MSD France. Zepatier est mis sur le marché au prix de 28 732 euros pour une cure de 12 semaines. Ainsi son coût est près de 40 % inférieur à celui du traitement le plus utilisé. « La décision du traitement se prend en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) avec le rôle majeur du pharmacien hospitalier qui vérifie, entre autres, la conformité à l'AMM, précise l'hépatologue. Si, et seulement si, l'efficacité et la tolérance sont strictement identiques parmi les stratégies thérapeutiques disponibles, on valide l'option la moins onéreuse compte tenu des modalités de prescription comme la durée de traitement. » En France, le dépistage ciblé de l'hépatite C se fait uniquement en fonction des facteurs de risque depuis de nombreuses années. Cette stratégie ne suffit pas à dépister l'ensemble des personnes infectées, dont certaines ignorent leur contamination car la maladie est asymptomatique et que les modes de transmission sont mal connus. « Afin d'accroître la prise de conscience générale, il faut mettre en place un dépistage populationnel du VHC associé à celui du VHB et du VIH chez les hommes de 18 à 60 ans, au moins une fois dans leur vie, et chez les femmes lors du premier trimestre d'une grossesse, recommande le professeur. Ce dépistage est coût-efficace et pourquoi ne pas le pratiquer systématiquement chez tous les adultes, quel que soit leur sexe pour traiter la fibrose à un stade précoce », insiste-t-il. Ce dépistage universel pourrait être accompagné d'actions de prévention en addictologie et de campagnes d'information du grand public relayées par les médecins généralistes, les pharmaciens d'officine et les médias.
D'après une conférence de presse de MSD.
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