« DANS CETTE ÉTUDE, nous décrivons les caractéristiques et l’évolution de cas sévères de grippe au A(H1N1)v hospitalisés entre le 1er juillet et le 15 novembre 2009 et l’identification des facteurs de risque, respectivement d’évolution péjorative et de décès », écrivent C. Fuhrman et coll. de l’InVS*. Pendant ce délai, 244 patients présentant une infection par le virus A(H1N1) ont été admis en USI ; leur évolution a été comparée à 515 cas de personnes hospitalisées (tous provenant de notifications à l’InVS). Pratiquement tous les cas (98 %) ont été confirmés au laboratoire sur l’analyse de prélèvement nasal. Les 2 % restants étant des patients ayant une grippe clinique ou un lien épidémiologique avec un cas confirmé.
Parmi les 244 cas sévères, 48 (20 %) sont des enfants de moins de 15 ans, avec un rapport masculin/féminin de 1,1. « Dans notre série, le plus haut taux d’admissions en USI concerne les nourrissons et le taux le plus bas les sujets âgés, des résultats concordant avec les autres publications. »
Grossesse.
En effet, l’incidence de l’admission en USI est plus élevée chez les moins de 1 an 2,03/100 000 cas), et plus basse chez les sujets de plus de 65 ans (0,18/100 000 cas). « Les nourrissons (moins de 1 an) comptent pour 7 % des admissions en USI. »
Dans cette série aussi, « comme dans la littérature, une morbidité sous-jacente induit une grippe plus sévère ». Ainsi, un terrain pathologique est présent chez 80 % (188) des patients de l’étude. Cette proportion est de 67 % parmi les enfants. Une affection respiratoire chronique est l’état morbide le plus fréquent, chez les adultes comme chez les enfants.
« Notre étude confirme que la grossesse doit être considérée comme un facteur de risque de complications de la grippe A(H1N1) de 2009. » Ainsi, parmi les 117 femmes, 18 étaient enceintes, essentiellement au cours du deuxième trimestre (n = 5) ou de la période du troisième trimestre jusqu’au post-partum (n = 11). Parmi ces 18 femmes, 61 % avaient un état morbide sous-jacent.
En comparant avec les cas non sévères hospitalisés, le risque de maladie grave est significativement plus élevé chez les enfants ayant une morbidité préexistante : odds ratio de 3,3)
Dans l’analyse multivariée, l’avancée en âge et l’obésité sont associés de manière significative à une grippe A(H1N1) sévère, avec un OR de 2,2 chez les plus de 65 ans et de 9,1 chez les obèses (comparativement aux hospitalisations simples).
Ventilation assistée.
L’intervalle entre le début des symptômes et l’admission est en moyenne de 2 jours. « L’intervalle entre le début des symptômes et l’admission est plus long chez les cas sévères que chez les cas non sévères. » Un traitement antiviral (oseltamivir) a été donné à 93 % des cas sévères et à 81 % des cas non sévères ; le traitement a été institué en moins de 2 jours chez 74 % des cas non sévères et chez 39 % des cas sévères.
Une ventilation assistée a été nécessaire chez 60 % (147) des cas sévères, avec 25 % (60) de syndrome de détresse respiratoire aigu. Une oxygénation par membrane extracorporelle (ECMO) a été nécessaire chez 9 % (21) des cas sévères.
Au moment où l’analyse a été réalisée, 143 patients étaient sortis de l’USI et 37 (15 %) étaient décédés. La durée moyenne de séjour en USI est de 5 jours. L’âge médian auquel les patients sont décédés est de 42 ans (de 8 mois à 71 ans). Parmi les 32 adultes décédés, 30 (94 %) avaient une morbidité préexistante. Une femme enceinte ayant un état morbide sous-jacent est décédée.
Les pathologies cardiaques chroniques et l’immunosuppression ont été associées de manière significative à une issue fatale, mais cela n’a pas été le cas pour les maladies respiratoires chroniques, ni pour l’obésité (tendance non significative, avec un OR de 2,6). L’obésité est un facteur de risque de pneumopathie virale sévère, rappellent les auteurs.
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