C’EST VRAI, le butin n’est pas particulièrement copieux, mais les risques assez faibles justifient l’engouement des petits truands italiens pour les 18 000 officines disséminées aux quatre coins de la péninsule. Dans son dernier rapport, publié début décembre, l’Observatoire intersectoriel sur la sécurité (OSSIF), souligne l’augmentation du nombre de braquages sur la base d’une étude effectuée région par région. L’an dernier, la Lombardie a remporté la triste Palme d’Or de la région la plus touchée. En deuxième position les Pouilles, puis viennent la Sicile, le Latium, et enfin le Piémont.
L’observatoire, qui a analysé les données de ces quatre dernières années, souligne une augmentation de 9,9 % l’an dernier au niveau national par rapport à l’année précédente, contre une hausse de 0,1 % en 2012 par rapport à 2011 et enfin de 5 % cette année-là par rapport à 2010. « Les pharmacies sont les plus touchées parce les petits délinquants les considèrent comme des cibles faciles. Les pharmaciens ne sont pas armés et préfèrent renoncer à leur chiffre d’affaires quotidien pour ne pas courir de risques », estime Andrea Mandelli, président de l’Ordre des pharmaciens italiens.
« Les officines observent des plages horaires hors norme par rapport aux autres commerces et elles sont parfois implantées dans des zones où il n’y a pas d’autres magasins. Les titulaires réagissent aussi très rarement et sont donc des proies faciles », analyse pour sa part Gioacchino Nicolosi, vice-président de Federfarma. Il ajoute que certaines pharmacies subissent entre sept et huit braquages chaque année. « Du coup, certains titulaires, notamment en Sicile, une région particulièrement à risque, recrutent des gardes privés comme pour les banques », confie Gioacchino Nicolosi. D’autres encore, installent des doubles portes comme dans les instituts de crédit. Autant de coûts supplémentaires qui s’inscrivent dans la fameuse catégorie des imprévus budgétaires et plombent un peu plus les comptes déjà en déliquescence des titulaires d’officine frappés de plein fouet par la crise économique qui sévit en Italie depuis plus de trois ans.
Portrait-robot.
Dans son rapport, l’OSSIF dresse également une sorte de portrait-robot des petits délinquants qui préfèrent les pharmacies. « Armés dans 53 % des cas, ils s’enfuient toujours à pied et agissent par groupe de deux ou trois, en général entre 18 et 20 heures. Ils ne forment pas de bandes et il n’y a aucune organisation derrière eux », affirment les auteurs du dossier « braquages pharmacies ». Dernièrement toutefois, les petits truands ont modifié leurs habitudes et travaillent à plein-temps, c’est-à-dire pendant toute la journée.
Face à l’augmentation du nombre de braquages, les pharmaciens s’organisent. Et pas seulement sur le plan de la sécurité sur le lieu de travail. À la perte économique, les titulaires ajoutent les problèmes psychologiques liés à une agression, le fameux choc post-traumatisme. « Lorsque ma pharmacie a été braquée pour la première fois il y a six ans, les bandits nous ont traînés dans l’arrière-boutique. Ils m’ont braqué un revolver dans le dos, ont arraché les fils du téléphone, puis ils ont vidé la caisse et le coffre-fort. Pendant six mois, j’ai dû prendre des calmants et des somnifères pour dormir », confie un pharmacien originaire de la Brianza (nord) à un quotidien spécialisé.
À Milan, l’une des villes les plus touchées en 2013, la clinique du Travail, qui fait partie du pôle universitaire, a effectué une recherche pour évaluer les risques psychologiques sur le long terme des titulaires après une tentative d’agression. Le verdict est sans appel : troubles chroniques. Dans la plupart des cas, les personnes souffrent de stress et ont des crises d’angoisse. Des programmes de soutien aux victimes ont été organisés. Mais pour les médecins, les pharmaciens, et surtout les associations de pharmaciens, devraient organiser des cours de prévention et de protection pour réduire les risques de troubles chroniques et aider les victimes à récupérer leurs facultés psychologiques au plus vite.
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