Tenue depuis 2005 par Renaud Chancel, la Grande Pharmacie de l’Europe, à Brive, située en cœur de ville, emploie actuellement 27 salariés. Son passage sous l’enseigne discount Lafayette en 2008 lui a apporté, d’après son dirigeant, une augmentation notable de son activité comme de son chiffre d’affaires. Disposant d’une surface de vente d’environ 70 m2, elle projette un déménagement dans le voisinage, afin de se donner les moyens de ses ambitions. Le dossier n’en est qu’au début, aucune démarche officielle n’étant pour le moment engagée, que ce soit auprès de l’Ordre, ou de l’ARS, mais son responsable espère bien le concrétiser d’ici à deux ans. « Il s’agira d’un transfert pur et simple, répond ce dernier, et pour l’instant il est prématuré d’en chiffrer les investissements. En fait, nous souhaitons répondre efficacement aux nouvelles missions qui nous sont confiées, améliorer nos accès pour handicapés, avoir des locaux plus adaptés, une pièce confidentielle, etc.. Nous ne devenons pas plus grands pour être plus grands, mais pour avoir un outil qui nous convienne et optimise notre travail, au service de notre clientèle. »
La future pharmacie sera intégrée dans un local existant, un ancien ensemble administratif d’environ 1 200 m2. D’après Renaud Chancel, ce transfert pourrait créer de nouveaux emplois, et l’ensemble comprendra des bureaux, des réserves et des annexes. La nouvelle ne soulève pas l’enthousiasme dans le milieu pharmaceutique local, qui a eu depuis neuf ans à faire face à la concurrence de l’enseigne.
Les confrères s’adaptent
« Lafayette cherche actuellement à étendre son réseau, déjà riche de 112 points de vente en France, rappelle Olivier Marquet, président de la FSPF corrézienne, lui-même installé à Tulle. Le groupe sollicite les pharmaciens en poste, d’ailleurs j’ai été démarché récemment, ils ont tenté de prendre rendez-vous, je n’ai bien entendu pas donné suite. Car prendre leur enseigne ne comporte que fort peu d’avantages, et aboutit souvent à rendre une affaire complètement invendable, et rapidement non rentable. »
Le responsable fédéral souligne les effets pervers du discount, l’abaissement des marges, l’absence de bénéfices, le coût du ticket d’entrée, la difficulté à couvrir les frais de fonctionnement… Constatant que sur son département, il n’existe fort heureusement qu’un seul point de vente de ce type, il espère vivement ne pas en voir naître d’autres, « susceptibles de terminer en faillites ».
« À Brive, nos confrères ont fait face, estime-t-il, ils ont réagi par la confraternité, investissant dans une politique d’achats groupés. Ils sont retournés au comptoir, retrouvant ainsi les fondamentaux de leur métier. Ils sont redevenus de vrais pharmaciens, conseillant leurs patients, se recadrant sur leurs vocations premières. Ils ont ainsi tenu bon, malgré le système de remises crétin qui nous gère, auquel les syndicats envisagent d’ailleurs de s’attaquer prochainement. C’est un chantier dans lequel nous allons investir. »
Vivre avec
Opinions partagées par Gilbert Courcelaud, vice président fédéral de Corrèze, dont l'officine est proche de l’enseigne en question. « Pour l’instant, aucune demande formelle n’a été faite auprès de l’Ordre ou du syndicat, dévoile-t-il, mais la rumeur court déjà, et le projet est bel et bien sur les rails. Ils ont des idées d’agrandissement et cherchent à conforter leur position qui est une réalité depuis presque une décennie. Nous vivons avec, et nous avons dû conforter notre offre, regroupant trois petites pharmacies alentour pour faire face, renforçant l’accueil du public dans des locaux plus adaptés, nous recentrant sur un commerce d’accueil très différent de leur libre-service. Nous avons négocié les prix avec nos fournisseurs, via Optipharm dont je suis par ailleurs membre du conseil d’administration. Les marges obtenues sont modestes en regard des prix très agressifs pratiqués par Lafayette, particulièrement ici à Brive où ils ont placé la barre très bas. Nous sommes donc à ras des pâquerettes, à la limite de la vente à perte, d’autant plus qu’ils font tout pour récupérer aussi de l’ordonnance. »
En terre Corrézienne, Lafayette fait désormais partie du paysage, et sa nouvelle future vitrine ne devrait pas obscurcir davantage l’horizon déjà très chargé de ses pharmaciens.
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