Suscitant tour à tour la fascination et l'effroi, les prouesses de l'intelligence artificielle (IA) n'en finissent pas d'attiser notre curiosité.
Emblématique de ce virage technologique hypermédiatisé, l'outil logiciel ChatGPT focalise sur lui toutes les attentions… et invite à tous les tests. Journalistes, avocats, étudiants, et même écrivains jouent ainsi avec le feu de l'IA générative. Même les pharmaciens - hospitaliers - s'y essaient, et s'y brûlent les doigts ! C'est ce que nous apprend Tic Pharma, dans un récent éditorial. Leurs auteurs, Wassinia Zirar et Sylvie Lapostolle, rapportent en effet les conclusions d'une récente étude*, présentée au congrès francophone de pharmacie hospitalière du Syndicat national des pharmaciens des établissements publics de santé (Synprefh). La fiabilité et l'efficacité de ChatGPT ont été testées en pratique quotidienne hospitalière au travers de deux modalités : une première série de questions « simples et factuelles » avait trait aux données contenues dans le résumé des caractéristiques du produit (RCP) : indication, posologie, interactions ou encore conservation. Avec 7 bonnes réponses sur 10, l'IA supporte plutôt bien la comparaison avec le pharmacien de chair et d'os. Mais une seconde série de questions, plus complexes, sollicitait une plus grande expertise et des capacités de discernement plus… humaines. Dans quel cas peut-on utiliser ce médicament hors AMM ? Quelle molécule prescrire en première ligne de traitement dans une pathologie ? Quelle alternative proposer en cas de rupture ? Face à ces 10 questions plus « pointues », ChatGPT n'a fourni que 4 bonnes réponses, 2 partiellement correctes et 4 incorrectes. Globalement, le taux de réponses correctes livrées par l'IA générative ne dépassait donc pas 55 %, 25 % d'opinions partiellement correctes et 20 % d'incorrectes. Entre autres insuffisances, « l'une des limites (de ChatGPT, NDLR) est son opacité car il est incapable de citer la ou les sources utilisées », estiment les auteurs. Des pharmaciens remplacés par l'IA, ce n'est donc pas pour demain. Tant mieux. Côté informatique, les automates dispensateurs de boîtes sont déjà une belle réussite, non ?
* Menée par Marine Coulomb et Élodie Chasseuil au CH de Saint-Junien en Haute-Vienne
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