INTERNET, c’est un peu comme un océan. Indispensable pour naviguer, attirant pour surfer, mais si vaste qu’on s’y perd vite. Les pharmaciens ont donc besoin d’outils pour se focaliser sur des objectifs précis et utiles, tout en s’accordant la liberté de fureter ici et là. Les éditeurs de logiciels souhaitent leur proposer plus que des boussoles, de vraies cartes pour savoir où aller… Et ne pas aller. « Internet, c’est un véritable média où l’internaute se perd facilement », confirme Olivier Morlot, directeur grands comptes de Pharmagest. « Il faut cibler pour éviter des pertes de temps. » Cibler, cela veut dire interdire. Beaucoup d’éditeurs l’affirment : « les pharmacies nous demandent de sécuriser l’accès à un certain nombre de sites », explique Virginie Boissier, responsable marketing d’ASP Line. « Nous avons fait en sorte que si un utilisateur tape une autre adresse que celle de la liste de sites à laquelle notre logiciel donne accès, il ne peut y accéder. Est-ce une question de peur et de manque de confiance ? ». « C’est vrai, il y a eu tellement d’abus que les pharmaciens nous demandent de faire la police », répond Charles Baranès, directeur général de La Source Informatique. « Et donc de filtrer les sites web auxquels ils peuvent accéder. »
L’ensemble des éditeurs a donc été contraint de gérer l’accès à Internet. Pharmagest a pris le parti de définir d’emblée une liste de liens sécurisés. « Nous avons voulu aller au-delà de la création de liens, affirme Olivier Morlot, et contrôler le mieux possible les flux grâce à des partenariats avec les propriétaires des sites consultés par les pharmaciens. » Pharmagest a ciblé ces liens autour de trois thèmes, l’information (presse, médias etc.), l’éthique (le Conseil de l’Ordre national des Pharmaciens, les sites spécialisés type Vidal, Docadoc, e-Santé etc.), et l’économie (laboratoires, répartiteurs etc.). Les autres éditeurs ont préféré laisser la main à leurs clients qui définissent eux-mêmes les sites qu’ils vont privilégier, interdisant de facto d’aller ailleurs que sur cette liste qu’ils auront au préalable établie, quitte à placer des liens par défaut vers des sites indispensables et utilisés par tous les pharmaciens, comme celui du Conseil de l’Ordre… ou du Quotidien du Pharmacien (quotipharm.com). Tous font en sorte de permettre aux utilisateurs d’accéder directement à ces sites sans quitter le logiciel où ils se trouvent. « Cela permet par exemple de récupérer directement des informations sur un médicament au moment où on est en facturation », explique Philippe Desquesses, directeur commercial et marketing de Caduciel. Les éditeurs se distinguent parfois sur le type de liens vers lesquels leurs logiciels donnent accès. Ainsi LSI a-t-il, notamment, choisi des sites d’emploi ou de petites annonces (professionnelles, cela va de soi), à la demande de ses clients.
Internet fragilise les données professionnelles.
Internet est donc avant tout un outil professionnel pour échanger des données avec les professionnels de santé. Et de ce point de vue, on notera la position singulière d’Alliadis, qui pour ces mêmes échanges préfère à la Toile une plate-forme haut débit sécurisée conçue par l’éditeur lui-même. « Les pharmaciens ont avant tout besoin de haut débit afin d’échanger leurs données avec le monde de la santé, explique Sophie Roussel, directrice marketing et communication. Internet fragilise au contraire ces données professionnelles ». Cela n’empêche pas l’éditeur de permettre des accès directs à des sites intéressants les pharmaciens, mais pour information seulement. Quand il s’agit d’échanger des données, pas question de faire confiance à la toile.
L’ensemble des éditeurs est confronté ainsi à la question de la sécurité et tous proposent (imposent ?) à leurs clients des outils de sécurité pour s’abriter du risque inhérent à la Toile. L’enjeu semble de mieux en mieux compris par les pharmaciens. « L’arrivée du dossier pharmaceutique conduit le Conseil de l’Ordre à rappeler régulièrement l’importance de la sécurité », explique Olivier Morlot. Les formules varient sensiblement (et leurs tarifs aussi, voir tableau) : du package sécurité fourni par Pharmagest avec son propre antivirus, jusqu’aux pare-feu proposés par des éditeurs tels Caduciel et ASP Line. Les pare-feu ont l’avantage de pouvoir filtrer les flux de données et de mieux contrôler ce qui arrive sur les systèmes d’information des officines. Quant aux antivirus, chaque éditeur a fait son choix de distribuer tel ou tel produit, différent selon qu’il considère la qualité de tel ou tel éditeur. Ou tient compte de son propre système d’exploitation. « Nous fonctionnons sous Linux, un système réputé plus sûr que le monde Windows », rappelle Virginie Boissier. ASP Line souligne néanmoins qu’il propose aussi un antivirus. Ces options ne sont pas anodines, elles donnent, ou pas, la liberté de choisir par exemple un fournisseur Internet, car, parfois, les deux sont liés. Last but not least, ces éditeurs gèrent aussi la sécurité de leurs clients par le biais de la télémaintenance. Celle-ci leur permet d’abord de mettre à jour les logiciels des pharmaciens ainsi que leurs bases de données. Mais elle leur donne par la même occasion la possibilité de contrôler, toujours avec l’autorisation des clients, se hâtent-ils de préciser, les intrusions de l’extérieur. « Nous avons centralisé notre stratégie sécurité », explique Patrick Sevestre, chef de produits marketing d’Isipharm. « S’il y a une attaque de virus, nous pouvons verrouiller tous les PC de nos clients. » Autre exemple de la diversité des techniques proposées, Caduciel propose en plus de l’antivirus un scan automatique par semaine des postes pour vérifier qu’il n’y a pas d’infection.
Formation à distance.
Ce souci de la sécurité, associé à une liberté contrôlée, est d’autant plus compréhensible qu’une partie importante de l’activité des officines passe par Internet. Outre la gestion des commandes, la consultation des sites extérieurs pour informations, que ce soit pour le compte de l’officine ou celui des clients, ou encore la mise à jour des logiciels et des bases de données, certains vont au-delà et organisent leur communication interne et externe par le biais de la Toile, voire leur formation. Mais cela dépend aussi de ce que proposent les éditeurs. Isipharm s’est par exemple spécialisé dans la formation à distance, ce qui permet aux pharmaciens de se former sur les nouvelles fonctionnalités à venir (auquel cas, l’éditeur adressera une mise à jour dès qu’il s’apercevra que la formation a été effectuée). Winpharma a travaillé quant à lui sur la création et l’animation d’un forum pour ses clients. « C’est un lieu d’échanges et d’entraide pour les pharmaciens, explique Gildas Leroux, directeur commercial. Cela leur permet également de s’exprimer d’une manière générale et de proposer des idées d’améliorations de notre logiciel, dont nous reprenons régulièrement les meilleures. » D’autres vont enrichir leur interface d’aide au patient qui vient voir son pharmacien, à l’instar d’Alliadis, avec son « conseiller interactif », accessible au comptoir via Internet, ou Caduciel qui intègre des liens actifs sur les fiches clients.
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