IL N’Y A PAS D’AUTRE CHOIX. La loi du 11 février 2005 oblige les établissements qui reçoivent du public à se mettre aux nouvelles normes édictées alors afin de pouvoir recevoir des personnes à mobilité réduite. Certes, ces établissements, dont les 22 000 pharmacies de France, ont encore jusqu’au 1er janvier 2015 pour être conformes à ces normes. Si bien que désormais toute création, transfert ou même tout aménagement d’une officine se doit de prendre en compte cette question de l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite. Les pharmacies ont commencé assez vite à passer à l’action si l’on en croit Marketa Famy, responsable marketing opérationnel de Geze France, fabricant de portes automatiques coulissantes. « Les pharmacies disposent de budgets supérieurs à ceux de nombreux autres commerces de proximité, comme les boulangeries par exemple, mais néanmoins, il reste encore beaucoup d’officines à équiper », constate-t-elle. Pas vraiment en retard, mais pas bien en avance non plus.
Démarches administratives.
Et c’est bien normal, car adapter son officine à ces nouvelles normes n’est pas une mince affaire. « Chaque pharmacie a sa problématique en fonction de l’environnement où elle se trouve », explique Jean-Marc Dominguez, PDG de Fahrenberger Agencements, agenceur et spécialiste du merchandising d’officine. La surface occupée par la pharmacie, la taille du trottoir sur lequel elle donne, sa présence ou non dans une zone de protection de patrimoine historique sont, par exemple, autant d’éléments à prendre en compte. Le titulaire de la pharmacie ne peut pas faire ce qu’il veut. Il doit d’abord se renseigner sur les démarches administratives à effectuer, quitte ensuite à demander à la mairie les autorisations dont il aurait besoin ultérieurement, comme pour construire une rampe d’accès. Et faire appel à un architecte. Est-ce indispensable ? Fabrice Borderie, titulaire de la pharmacie du Mas au Mas d’Agenais, dans le Lot-et-Garonne (voir témoignage ci-contre) répond par l’affirmative : « le cahier des charges est trop complexe, le recours à un architecte est nécessaire. » Y compris pour des situations qui pourraient paraître relativement simples, comme par exemple celle de l’adaptation de la façade aux normes d’accessibilité. On pourrait imaginer juste l’automatisation d’une porte battante, avec un bouton à la droite de ladite solution qui a l’avantage d’être moins chère que des portes automatiques coulissantes, selon Jérôme Garzena, responsable de zone export du fabricant français de portes automatiques Portalp.
Mais outre que celle-ci peut avoir l’inconvénient de faire perdre de la place à l’intérieur de l’officine en créant un angle mort par son espace de rotation, elle ne répond en rien à l’accessibilité si la pharmacie n’est pas de plain-pied dans la rue où elle se trouve. Pour peu qu’une marche la sépare de la chaussée, il faudra prévoir d’importants travaux. « Soit la marche est importante, de 17 cm environ, et il faudra alors la supprimer et descendre l’intérieur de la pharmacie, soit elle est d’importance moindre, 8 cm environ, et il sera possible de créer une pente douce qui au bout de quelques mètres pourra rattraper les centimètres qui séparent le sol de la pharmacie de l’extérieur », explique Jean-Marc Dominguez. La pente en question ne doit pas excéder 3 %, niveau imposé par la loi. Et quand bien même il n’y aurait pas de grande différence entre le sol et le niveau du trottoir, pour peu que celui-ci soit étroit, « il faudra faire en sorte que la porte n’empiète pas sur le passage des piétons et n’ouvre pas à tout bout de champ, elle devra donc rentrer à l’intérieur de la surface », précise Dominique Meyrat, responsable du développement chez Ideal Pharma, spécialiste d’agencement de façade et de merchandising d’officine.
Optimiser la place.
Dans un contexte où les travaux seraient de moindre importance, sans nécessité par exemple de faire intervenir un agenceur, les titulaires peuvent se tourner vers les installateurs de portes automatiques coulissantes, nombreux en France, qui commercialisent les produits de fabricants français et étrangers. Une fois réglées les questions liées à l’environnement immédiat de la pharmacie et le respect des nouvelles normes, ce qui reste tient beaucoup à la place que peuvent prendre ces portes coulissantes automatiques, à commencer par respecter d’abord l’exigence d’une largeur de 90 cm. Celle-ci est souvent supérieure à ce chiffre, les largeurs moyennes oscillent entre 1,2 m et 1,4 m. Faut-il ensuite une porte à un vantail ? À deux vantaux ? Faut-il une porte télescopique, dont les vantaux s’emboîtent les uns dans les autres ? Cela dépend beaucoup de la largeur de la façade. La porte télescopique, plus chère, optimise la place utilisée : « pour une longueur de 3 mètres, le passage est de 1,9 m alors qu’il n’est que de 1,45 m pour une porte coulissante classique », précise Jérôme Garzena. Intéressante lorsque la façade est étroite et qu’on veut en optimiser l’espace pour la vitrine.
Autre caractéristique de ces portes automatiques qui doit retenir l’attention des titulaires est la détection électronique qu’elles intègrent. Pour Benjamin Abihssira, directeur d’Elitis, spécialiste de la fermeture de sécurité et de la protection électronique, « les technologies disponibles sont très proches les unes des autres même s’il y a de nombreux acteurs sur le marché. » Pour Erick Brochet, gérant de Promatic, distributeur officiel de la marque Label dans la région PACA, il existe deux types de détection : « une sécurité de passage qui détecte une présence dans un espace donné et une sécurité de contact quand elle rencontre un obstacle, un fauteuil roulant par exemple ».
La question de la sécurité.
D’une certaine manière, il n’y a pas beaucoup d’enjeu relatif à l’accessibilité des personnes à mobilité réduite dans cette électronique de contact, les avantages compétitifs se situent plus dans la possibilité de mieux contrôler les ouvertures afin de garder la bonne température au sein des officines. Ou encore d’autres fonctionnalités qui améliorent le quotidien du travail des officines, comme par exemple le « sens unique » : « en fin de journée, le titulaire peut fermer l’entrée de la pharmacie tout en la laissant ouverte pour la sortie de ses salariés » explique Benjamin Abihssira. Ou bien l’ouverture réduite, une fonction qui « permet aux pharmacies de garde d’ouvrir la porte juste assez pour délivrer des médicaments pendant la nuit sans laisser entrer les clients », selon Marketa Famy. Les portes, c’est aussi leur vitrage, là aussi une donnée qui n’a pas grand-chose à voir avec l’accessibilité, mais plutôt avec la sécurité. « Les assurances demandent un vitrage de 6 mm en l’absence de rideau de fer », évoque par exemple Dominique Meyrat. Les titulaires ont du reste tout intérêt à lier la question de l’accessibilité à celle de la sécurité puisque tout ce qui les deux aspects sont soumis de la même manière à de fortes contraintes légales.
Respecter ces différentes normes coûte cher, les prestataires ne s’en cachent pas. Certes, le coût des portes en elles-mêmes oscille entre 1 500 euros (pour les portes battantes automatisées) et plus souvent entre 3000 et 6000 euros pour les portes coulissantes automatiques, selon l’espace occupé, les matières utilisées, mais il faut tenir compte aussi de la pose, et surtout des différents travaux parfois nécessaires pour mettre à niveau le sol de la pharmacie avec l’extérieur. Dans un budget de création ou de transfert, cela peut être un poste très important. Il faut également songer à la maintenance, là aussi fortement encadrée par la loi puisque deux visites d’entretien par an sont obligatoires. La plupart des intervenants du marché proposent des contrats d’entretien, qu’ils assument eux-mêmes ou qu’ils confient à des partenaires.
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