C’est un peu le couteau suisse du pharmacien. Le LGO « accompagne la numérisation et l’automatisation des métiers de l’officine », comme le décrit Jean-Michel Monin, directeur de la division Pharmagest chez Equasens. Traditionnellement, les logiciels de gestion outillent les principaux métiers du pharmacien, comme la gestion de l’approvisionnement du médicament et de la délivrance. Mais pas uniquement. Grâce à un large éventail de fonctionnalités, ces logiciels couvrent également la gestion des stocks, des caisses, des achats et des ventes, l’administratif, et fournissent même des outils de merchandising…
Le starter kit du LGO
Déjà bien dotés, ces dispositifs ne cessent d’évoluer. L’Agence du numérique en santé considère comme LGO, les logiciels contenant le panel de fonctions minimales suivant : facturation assurance-maladie (système SESAM-Vitale accessible par carte Vitale et carte CPS validé par le GIE SESAM-Vitale) ; compatibilité avec le dossier pharmaceutique validé par le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) ; historique des délivrances de médicaments (ordonnancier) ; base de données des médicaments et produits de santé ; gestion des stocks de médicaments ; dossier patient informatisé (informations administratives, observations médicales en saisie libre ou par formulaires types et personnalisables).
Cependant, la publication de l’arrêté Ségur numérique à destination des officines a lancé une politique de grands travaux pour les LGO. Un défi de taille pour leurs éditeurs, qui vont devoir couvrir de nouveaux périmètres et fournir de nouveaux services indispensables afin d’être référencés Ségur.
Bientôt, seront considérés comme LGO, les logiciels qui donnent la possibilité : de consulter depuis des documents et données numériques reçus par MSS (messagerie sécurisée de santé) de la part de professionnels de santé, ou provenant du DMP (dossier médical partagé) patient ; de générer des documents et des données numériques comme des comptes rendus d’entretien pharmaceutique, un bilan partagé de médication (BPM), une note de vaccination afin d’alimenter le carnet de vaccination électronique (CVE) ; de transmettre des documents et données numériques par messagerie sécurisée de santé (MSSanté) vers un professionnel de santé ou vers le patient ; d’alimenter le dossier médical partagé (DMP) du patient ; d'intégrer dans les LGO des services « Application carte Vitale » et de « E-Prescription » ; et enfin, de faciliter la prise en charge du patient en faisant évoluer le dossier pharmaceutique : accès aux données patient, sécurisation des dispensations médicamenteuses.
À votre service !
Bref, le LGO officinal de demain change de paradigme. Et il n’y a plus le choix puisque tous devront être référencés Ségur courant 2023 et donc appliquer le cahier des charges s’ils veulent rester dans le coup.
Fort heureusement pour eux, les éditeurs ne sont pas en terrain inconnu. Car toutes ces exigences réglementaires suivent assez logiquement l’enrichissement constant du métier et des compétences du pharmacien derrière le comptoir.
De l’avis du directeur de Pharmagest, « aujourd’hui,le métier de délivrance d’un pharmacien évolue et devient aussi un métier de services ». Auparavant, le centre de gravité du logiciel était l’ordonnance. En pratique, en plus de délivrer celle-ci, le pharmacien doit suivre l’observance du patient et le conseiller le cas échéant. Cette dimension d’accompagnement dans la prestation est une « évolution majeure », insiste Jean-Michel Monin. Le logiciel doit fournir des prestations de service "centrés patients ", afin de mieux connaître le patient et le suivre dans son parcours de soins « Si bien qu’il convient mieux de parler de Logiciel métiers d’officine (LMO) plutôt que de LGO », remarque Jean-Michel Monin.
Des fonctions sur mesure
Comment cela se traduit-il techniquement pour les LGO ? Ce sont d’abord les exigences du Ségur. Franck Laugère, dirigeant de la société CEPI, éditeur du LGO PharmaVitale, cite pour autre exemple : « Le dossier médical partagé (DMP), par exemple, peut désormais être directement consulté et alimenté par le pharmacien(à condition que le patient lui ait donné l'autorisation, N.D.L.R.) » et implique, de fait, un meilleur suivi et donc un meilleur service rendu.
À ne pas oublier non plus la myriade d’outils annexes développés par chaque éditeur, qui complètent ces exigences et qui viennent également le démarquer du voisin, concurrence oblige. Winpharma, lui, inclut par exemple un système de gestion des tests Covid, ou encore un nouveau type d’entretien pour le suivi des patients sous traitement anticancéreux. Ce sont aussi des systèmes de communication avec les robots/automates présents en officine, comme sur PharmaVitale, ou l’ajout de services annexes comme la gestion centralisée du site e-commerce de la pharmacie ou de PharmaCluster, une plateforme collaborative maison pour la gestion des achats groupés.
Coordination métiers
D’autres éditeurs déploient des dispositifs incorporant explicitement la dualité du métier du pharmacien, oscillant entre professionnel de santé et commerçant. À cette fin, le LGO maison d’Equasens, id., anciennement LGPI et le premier à avoir obtenu le référencement Ségur (vague 1), intègre une fiche patient à 360° qui rassemble toutes les informations utiles aux professionnels : le profil personnel, l'accès DP/DMP, l'observance, le bilan pharmaceutique et, pharmacien oblige, des informations commerçantes, les éventuels points de fidélité et/ou bons de réduction… « Auparavant, il était possible de trouver ces informations sur différents supports. Dorénavant, tout est centralisé sur cette fiche. »
Bien que commerçant, le pharmacien, en sa qualité professionnel de santé, doit désormais se coordonner avec d’autres professionnels de santé. Une tâche dans laquelle le LGO doit l’accompagner. « Sur les 154 points d’exigence du Ségur, beaucoup concernent l’intégration de l’officine dans le réseau de professionnels de santé », indique Jean-Michel Monin. Au travers de son logiciel, le pharmacien contribuera activement au dossier médical partagé (DMP) et aux échanges avec les autres acteurs du parcours de soins. Comment ? Via une connexion directe au DMP et via l’utilisation d’un outil de messagerie intégré au LGO qui facilite le partage d’informations via des moyens sécurisés.
Seconde vague en vue
« Ce qui va aussi faire la performance du pharmacien, c’est le fait de ne pas avoir une multitude d’outils, mais un seul qui les centralise tous », détaille Jean-Michel Monin. Et ainsi fluidifier le gain de compétences des pharmaciens, d’autant plus important (et rapide) depuis la pandémie de Covid-19. « Des services socles, communs aux différents éditeurs, seront utilisés par les pharmaciens et les autres professionnels de santé, pour permettre cette interopérabilité. » Dans le meilleur des mondes, le Ségur doit permettre à tous les professionnels de santé de faire de la MSS (messagerie sécurisée de santé), d’identifier les patients avec le moteur INSI (identifiant national de santé intégré), ou encore du DMP.
Et après ? Les éditeurs eux, n’ont pas fini de suer car une seconde vague prévue pour 2023 va déferler sur le petit monde des LGO. Son objectif est décrit succinctement par le Ségur : « Elle visera à récupérer au sein du LGO, depuis Mon espace santé, des informations pertinentes pour les pharmaciens et préparateurs. ». Selon nos sources, les LGO donneront ainsi la possibilité de recevoir des documents provenant d’autres établissements. C’est aussi sur les critères de sécurité que cette vague 2 s’attardera. Afin que les échanges de données médicales soient bien conformes au RGPD (Règlement général sur la protection des données) et qu'elles soient stockées, transférées et cryptées de façon optimale.
Vaste programme et vaste défi, notamment pour les petites structures comme CEPI. « Ce chantier futur implique beaucoup d’éléments organisationnels, il nous faudrait presque un comité interne de gestion de la sécurité informatique. C’est une problématique technique et RH difficile à résoudre », reconnaît Frédéric Valet, directeur informatique chez CEPI… Affaire à suivre.
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