Le Quotidien du pharmacien. - Que représente le poste assurances dans le compte d’exploitation d’une officine en moyenne ?
Philippe Becker. - Si on prend en compte les couvertures multirisques, les assurances véhicules et la responsabilité professionnelle, nous constatons au travers de notre étude annuelle que, en valeur, cela représentait en moyenne 3 244 euros en 2015, soit 0,22 % du chiffre d’affaires. Ce ratio est stable depuis plusieurs années et, contrairement à d’autres postes de charges, c’est une dépense maîtrisée.
La concurrence qui existe entre les compagnies explique-t-elle ce phénomène ?
Christian Nouvel. - Oui, vous avez raison ! Il y a de la concurrence, car les assureurs considèrent en général, et à juste titre, que l’officine est un bon risque. Plusieurs compagnies et mutuelles accompagnent les pharmaciens depuis longtemps et proposent des contrats adaptés avec des garanties qui font sens par rapport à l’activité réelle.
Pourtant, les risques professionnels peuvent être très significatifs…
Philippe Becker. - Oui, c’est vrai puisqu’il s’agit de la santé. Cela étant, le niveau des études et les obligations réglementaires créent une barrière solide qui limite le risque principal qu’est l’erreur de délivrance. Nous constatons que sur notre panel de clientèle (un peu plus de 1 500 officines), la sinistralité en matière de RC (responsabilité civile) est extrêmement faible. C’est rassurant !
Donc, les pharmaciens sont de bons risques bien assurés ?
Christian Nouvel. - Il y a toujours quelques « trous dans la raquette » et il faut le rappeler parfois. Certains pharmaciens oublient de vérifier que de nouvelles activités entrent bien dans le périmètre de la couverture : site Web par exemple. Ils peuvent aussi négliger de signaler une modification importante de l’officine après des travaux. Il faut donc veiller à faire un point régulier avec son assureur pour vérifier le périmètre de couverture et, le cas échéant, remonter les niveaux maximums de garanties.
Philippe Becker. - Un point qu’il faut aussi examiner est la couverture « perte d’exploitation ». Lors de la survenance de sinistres qui perturbent ou interrompent l'activité, nous sommes souvent sollicités pour présenter le calcul des pertes estimées. Dans beaucoup de cas, le pharmacien est déçu par le niveau de prise en charge et au final s’estime lésé. En fait, il n'a pas compris le mécanisme de calcul car il n’avait pas pris le soin de se le faire expliquer par son assureur… Le dernier point de vigilance, qui n’est pas propre aux pharmaciens, est le « cyber risque » qui est bien souvent mal assuré, voire totalement ignoré.
Avec des conséquences graves ?
Philippe Becker. - Si on connaît peu de gens qui ont eu à subir un grave incendie, on connaît tous une relation amicale ou professionnelle qui a eu son ordinateur infecté par un virus. Les pharmaciens qui sont connectés en permanence et qui, il faut le souligner, détiennent des informations sensibles sur leurs patients, peuvent faire l’objet d’attaques virales qui prennent souvent l’aspect d’un chantage à la rançon. Les experts-comptables, les avocats et les notaires ont exactement le même souci. Il faut donc a minima regarder avec son assureur comment il va vous aider à vous tirer d’affaire. Imaginez un logiciel de gestion officinal ou un site Web marchand bloqué pendant plusieurs heures, voire des jours ! L’addition peut être salée et le préjudice d’image fort si les clients ont le sentiment que le secret médical a été dévoilé. Tous les assureurs ont une offre qui couvre ce risque, il faut donc s’en inquiéter.
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