Jean-Luc Isabey

Président de l’ODIP, Ordre des inventoristes professionnels

Publié le 21/12/2009
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LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. – L’intervention d’un professionnel est-il incontournable dans la réalisation de l’inventaire ?

JEAN-LUC ISABEY. – La réglementation fiscale oblige tous les commerces à réaliser un inventaire physique de leur stock une fois par an. Mais elle ne désigne pas la personne qui doit s’en charger. À partir de là, le titulaire peut tout à fait effectuer le comptage lui-même. L’enjeu est la justesse du bilan qui va être établi sur la base de l’inventaire. Il s’agit tout de même d’un an d’exercice ! Si le recours à un inventoriste n’est pas un passage obligé, il est la garantie d’une évaluation fiable du stock. L’intervention d’un professionnel est aussi la preuve que l’on a fait réaliser un inventaire physiquement car celui-ci, à la fin de son travail, doit fournir un livre d’inventaire au titulaire, document qui figure en tête de liste des informations requises en cas de contrôle fiscal. En outre, si l’inventaire comporte des erreurs, c’est l’inventoriste qui peut en porter la responsabilité.

D’un point de vue pratique, le recours au professionnel représente une économie de temps non négligeable pour le pharmacien qui, dans le cas d’une officine moyenne, a quelque 5 000 références à gérer, sans parler des nombreuses fonctions qu’il doit remplir au quotidien.

Quelles sont les conséquences d’un inventaire erroné ?

Un inventaire faux produit une réaction en chaîne. Le bilan comptable qui en découle est erroné, tout comme le calcul de la marge et celui du montant de l’imposition. Souvent, l’erreur conduit à une surévaluation du stock, des marges artificiellement hautes et, en conséquence, un impôt et des charges sociales à l’avenant. J’ai déjà constaté des erreurs de stocks comprises entre 200 et 600 références virtuellement existantes mais absentes physiquement ! Certaines pharmacies qui font l’impasse de l’inventaire physique pendant plusieurs années ont cumulé jusqu’à 50 000 euros d’erreurs sur un stock de 300 000 euros. Il ne faut jamais se fier à l’informatique pour établir un bilan. Je comprends, en revanche, que les pharmaciens soient tentés de faire l’économie d’un inventoriste en temps de crise. S’ils font ce choix, ils ne doivent cependant pas faire l’impasse d’un inventaire physique. Un stock mis à jour est aussi la garantie de pouvoir faire des commandes cohérentes et non basées sur un stock fantôme !

Comment choisir son inventoriste ?

Il est préférable de se tourner vers une association d’inventoristes car celle-ci aura mis en œuvre des règles communes de travail qui garantissent efficacité et qualité de l’ouvrage. Les intervenants qui veulent intégrer une telle association doivent remplir certains critères : la structure doit avoir une certaine ancienneté et être dirigée par une personne qui a fait ses preuves en tant que manageur ; elle ne peut pas travailler sans une base de données mise à jour et un système informatique qui permette de verrouiller les erreurs. Actuellement, l’ODIP (Ordre des inventoristes professionnels) et l’ANIP (Association nationale des inventoristes en pharmacie) sont les deux seules associations d’inventoristes spécialisées dans le domaine officinal. Les indépendants qui souhaitent nous rejoindre sont d’ailleurs de plus en plus nombreux !

PROPOS RECUEILLIS PAR A.-S.P.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2713