BEAUCOUP de pharmaciens tentent de se prémunir au mieux contre les braquages et les vols dans l’espace clientèle de leur officine. Mais il est un aspect de la sécurité plus difficile à appréhender, celui du vol en interne. La pharmacie Lafayette, une grande officine au centre de Toulouse, en a fait l’expérience. Pendant des années, cinq employées ont régulièrement subtilisé des médicaments et des produits de parapharmacie… La direction s’en est aperçue grâce aux différences qui existaient entre le stock réel et celui qu’il aurait dû être. Et ce ne fut pas si facile de le remarquer. « Les faits se sont déroulés entre octobre 2008 et août 2011 », révèle le capitaine David Delattre, chef du bureau des relations extérieures et de la communication, à la direction départementale de sécurité publique de Haute-Garonne. « Plus de 300 vols ont été constatés pour un montant qui avoisine les 3 000 €, cela signifie que, mensuellement, les sommes correspondant aux produits subtilisés étaient minimes », explique David Delattre. Une fois le constat de perte avéré, l’officine a averti les services de police qui ont mis en place une surveillance étroite au terme de laquelle cinq employées ont été identifiées et interpellées. Leur procès démarre en correctionnelle au mois de février prochain.
Le vol interne, ou la démarque inconnue, n’est pas si courant, en tout cas beaucoup moins que les braquages, cambriolages et autres méfaits. « On ne reçoit pas si souvent de plaintes », remarque David Delattre. « Mais c’est le pire des actes car le plus difficile à identifier, souligne pour sa part François Mazaud, titulaire de la pharmacie Negreneys, à Toulouse. Il faut vérifier la caisse tous les soirs et sonder toutes les erreurs de stocks. » « C’est d’ailleurs grâce un système de gestion de stocks efficace que la pharmacie Lafayette a pu constater les vols dont elle a fait l’objet », indique David Delattre.
Des systèmes de surveillance mal utilisés.
Ce dernier, qui est également référent sûreté, révèle qu’une convention a été signée avec la préfecture pour aider tous les professionnels de santé à faire face aux questions de sécurité auxquelles ils sont confrontés. Constatant l’augmentation des actes criminels en tout genre, notamment les cambriolages à Toulouse, selon François Mazaud, les services de police se proposent de conseiller ces professionnels pour prévenir au mieux les risques auxquels ils sont exposés, y compris le vol interne. « Beaucoup d’officines ont différents systèmes de surveillance et de protection, et, dans ce domaine, rien ne vaut la vidéo, explique David Delattre. Cela étant, ils ne sont pas toujours bien utilisés, les caméras pas mises au bon endroit, par exemple, ou pas avec le modèle qu’il faudrait, ou encore des caméras inutiles puisqu’il n’y a pas de réactivité derrière. » Selon le capitaine, les officines sont démarchées par les vendeurs de systèmes de vidéo surveillance sans forcément le conseil qui va avec. « Il est déjà arrivé qu’un bon système de vidéo surveillance ait été complètement neutralisé du fait d’une porte arrière peu protégée, et les cambrioleurs, gantés, cagoulés, se sont emparés en quelques secondes de leur butin sans que l’on puisse réagir. Certes, les caméras ont tout filmé. » Et concernant plus précisément le vol interne, outre une bonne gestion de stocks, le b.a.-ba selon David Delattre, l’architecture des locaux est importante. Les recoins, par exemple, sont à surveiller, il faut savoir mettre les caméras à ces endroits. Et même aller jusqu’à envisager au moment des réaménagements qu’un titulaire décide de faire, de revoir complètement l’architecture des lieux de façon à éviter de pouvoir se cacher. Une décision à prendre en fonction du budget que cela nécessite et du risque encouru. Tout le monde ne peut pas forcément se permettre de tels réaménagements.
Tous ces conseils préconisés par les services de police départementale à Toulouse sont gratuits. François Mazaud compte bien s’en servir pour améliorer la sécurité de son officine.
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