Si le titulaire est le propriétaire de ou des officines dans lesquelles il exerce, le pharmacien adjoint, lui, est son salarié, effectuant les missions déterminées par le titulaire. C'est probablement le paramètre à prendre le plus en compte avant de s'orienter dans une carrière d'adjoint en pharmacie. Comme il travaille sous la supervision du pharmacien titulaire, le pharmacien adjoint ne peut pas prendre de décisions majeures sans l'approbation de ce dernier. De même, il n'aura donc pas forcément le choix des tâches à effectuer en addition des activités quotidiennes.
Autonomie contre liberté
En fonction des missions qui lui sont attribuées, le pharmacien adjoint peut vite se retrouver spécialisé dans une ou plusieurs de ces dernières comme le management des équipes (pour les grandes officines), le développement de nouvelles gammes de produits, les entretiens pharmaceutiques, les bilans partagés de médication, les TROD, la vaccination… pour, au fur et à mesure des années, devenir référent sur un ou plusieurs de ces sujets. À cet effet, l'Ordre national des pharmaciens (CNOP) publie sur son site un « Guide de référence du pharmacien adjoint d’officine », très utile et souvent remis à jour.
Mais bien que les attributions de tâche se fassent généralement dans une bonne entente, ce n'est pas toujours le cas. « Je me suis retrouvé dans une pharmacie où il n'y avait pas d'autres activités que celles classiques au comptoir », se désole Jérémy, un pharmacien adjoint en Bretagne. « J'ai proposé plusieurs fois à la titulaire de faire autre chose, comme les TROD ou la vaccination, mais impossible de lui faire entendre raison… Alors je suis parti. »
« Il ne faut pas hésiter à partir d'une pharmacie qui ne nous convient pas », affirme Christine, une pharmacienne adjointe expérimentée en région parisienne. « L'emploi du temps d'un pharmacien varie beaucoup d'une officine à l'autre, et il faut un peu de temps avant de trouver chaussure à son pied. Je conseille d'éviter les pharmacies trop strictes, du moins au début, et trouver celles plus souples, et qui offre plus d'opportunités aux adjoints », recommande-t-elle.
En effet, selon la pharmacie (sachant qu'il n'en existe pas deux similaires), les tâches du pharmacien adjoint peuvent varier considérablement. « Travailler dans plusieurs officines est très formateur, car on explore différentes facettes du métier », assure Christine, qui recommande de se renseigner sur la patientèle d'une pharmacie avant d'y candidater. Et d'étendre son champ d'investigation.
C'est un des avantages inhérents à la position de pharmacien adjoint, également rendu possible par un marché du travail qui aujourd'hui penche largement en leur faveur. « Beaucoup de pharmacies peinent à recruter. De ce fait, un adjoint n'aura aucun mal à trouver un emploi partout en France, et beaucoup peuvent négocier des conditions de travail à leur avantage. Cela leur offre une grande liberté », commente Benjamin, un pharmacien titulaire de Haute-Savoie. Un luxe que n'ont pas les titulaires.
Un travail plus flexible
En plus du travail du pharmacien, le titulaire endosse plusieurs responsabilités qui ne sont pas enseignées aux étudiants sur les bancs des facultés, comme gérer les nombreux aspects administratifs, juridiques et financiers de la pharmacie, les stocks, les achats, organiser l'emploi du temps, manager le reste de l'équipe ou orienter la politique de son officine. Autant de tâches stressantes et très chronophages, y compris une fois sorti de la pharmacie… Des tâches dont l'adjoint n'aura généralement pas à se soucier, ce qui lui permet de se concentrer sur son travail de conseil et de service à la patientèle.
« L'avantage de mon poste d'adjoint, c'est qu'une fois sorti de la pharmacie, je suis "libre", pour ainsi dire. Mentalement, c'est un vrai plus, et ça me laisse le temps de me concentrer sur des projets plus personnels, des hobbies, ou ma famille. La démarcation entre-temps de travail et temps de repos est très nette », témoigne Allan, un pharmacien adjoint en région parisienne. En effet, le pharmacien adjoint peut souvent négocier pour travailler à des horaires conciliants au mieux son travail et sa vie personnelle, sans être lié aux horaires d'ouverture et de fermeture de la pharmacie. Il peut toutefois acquérir une partie des parts de l'officine dans laquelle il exerce, s'il compte s'impliquer davantage.
Une rémunération attractive
Au niveau du salaire, là aussi, les choses sont plus simples. Pour le titulaire, le niveau de rémunération varie fortement selon la catégorie juridique et le régime fiscal choisi pour sa pharmacie (dans laquelle il a souvent dû investir un capital important), ainsi qu'en fonction du chiffre d'affaires. Pour les adjoints, la rémunération dépend d'une grille de salaires fixe, négociée (et rehaussée) régulièrement dans le cadre de la convention collective de la pharmacie d’officine. Elle dépend en grande partie de l’ancienneté et assez peu des caractéristiques ou des bénéfices de la pharmacie. Bien qu'elle soit significativement inférieure à celle des titulaires, cette rémunération reste relativement élevée, avec une moyenne de 3 621 euros brut mensuels, dès la première année, selon les chiffres de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Un montant plus élevé que celui prévu par la grille salariale, car de nombreuses officines embauchent à un taux supérieur, à cause de la pénurie de diplômés ou pour se démarquer du reste de la concurrence.
Des contreparties à prendre en compte
S'il peut sembler à première vue idéal, le poste de pharmacien adjoint n'est cependant pas sans inconvénients. La question de l'autonomie a déjà été abordée plus haut : le pharmacien adjoint reste un salarié, dépendant de la volonté de son titulaire. « C'est aussi une position fixe, rappelle Allan. On est soit adjoint, soit titulaire. Il n'y a pas réellement d'entre-deux, et donc, pas de réelle évolution de poste, en dehors de nouvelles tâches allouées par le titulaire, ou d'évolution de salaire. Les perspectives de carrière restent donc limitées à long terme. »
En somme, choisir une carrière d'adjoint en pharmacie plutôt que de titulaire peut offrir certains avantages, notamment une activité entièrement concentrée sur la pharmacie, un meilleur équilibre travail-vie personnelle et l'absence de responsabilités administratives et financières. Toutefois, il est important de noter que l'autonomie reste limitée, tout comme les perspectives de carrière… Sauf à devenir soi-même titulaire.
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