Dans différents endroits du globe, les cas de rougeole explosent. Dans l'État de New York, aux États-Unis, les autorités sont même allées jusqu'à interdire d'accès aux lieux publics tous les enfants non vaccinés. Première cause de la résurgence d'une maladie que l'on pensait quasi-disparue, la diminution de la couverture vaccinale. Derrière ce phénomène, le lobbying extrêmement efficace des anti-vax, qui ont notamment su s'appuyer sur les réseaux sociaux et YouTube pour rallier les sceptiques à leur cause. En instillant le doute de manière plus ou moins subtile, comme l'a révélé « BuzzFeed News » dans une grande enquête publiée fin février.
YouTube, bras armé des anti-vax
« Est-ce que je dois faire vacciner mes enfants ? », une question que de nombreux parents américains ont posée sur le moteur de recherche de YouTube au cours des dernières années. Selon une étude du Pew Research, plus d'une personne sur deux aux États-Unis se rend sur la plateforme dans le but de s'informer. Une donnée qui n'a pas échappé à la sphère anti-vax. Comme l'a démontré « Buzzfeed », de simples recherches sur la sûreté des vaccins ou sur la question de l'immunisation peuvent mener à des vidéos réalisées par des figures du mouvement anti-vaccin. « On regarde une vidéo pro-vax et la recommandation suivante est un témoignage de parents qui expliquent comment leur enfant est tombé malade à cause d'un vaccin », décrit ainsi l'enquête. Parmi les vidéos anti-vax les plus fréquemment proposées aux utilisateurs, le témoignage de Shana Cartmell (plus de 200 000 vues), une mère de famille pour qui « les vaccins ne sont pas sûrs à 100 % », ou celui du Dr Suzanne Humphries qui affirme que « les vaccins ne sont pas nécessaires et potentiellement dangereux ».
Des vidéos qui privilégient un format en particulier : le témoignage face caméra. Pas d'explications scientifiques pompeuses, pas de blouses blanches ni de tubes à essai, mais des citoyens (parfois professionnels de santé) qui livrent leur vision et leur ressenti. Des « informations » délivrées à des personnes souvent mal renseignées et capables d'entendre les arguments les plus farfelus sur un sujet qui suscite pourtant l'adhésion (presque) totale de la communauté scientifique.
YouTube démonétise les vidéos anti-vax
Si les ant-vax inondent YouTube de vidéos-témoignages, ce n'est pas par hasard. C'est tout simplement ce format qui rencontre le plus de succès chez les utilisateurs. Prévu pour prendre en compte ce paramètre, l'algorithme de YouTube recommande donc en priorité ce type de formats. Si un utilisateur effectue de nombreuses recherches sur la vaccination en général, l'algorithme de YouTube va lui conseiller en priorité des témoignages, sans estimer la qualité de l'information délivrée ni l'angle des recherches. Le site d'hébergement de vidéos ne promeut donc pas volontairement les publications des anti-vax, c'est l'algorithme qui en serait responsable.
Les révélations de « Buzzfeed » ont contraint YouTube, mais aussi Facebook, à prendre des mesures d'ampleur. Le 22 février, YouTube a ainsi annoncé qu'il démonétisait tous les contenus anti-vax. Depuis cette date, aucune publicité ne peut donc théoriquement précéder une vidéo anti-vax et générer les revenus qui vont avec.
La communauté pro-vax a des lacunes
C'est en faisant de simples recherches pour s'informer que des internautes ont atterri sur la chaîne « VaxxedTV », ses 54 000 abonnés et ses vidéos où des mères expliquent « comment un vaccin a détruit la vie de (leur) fils ». Des films explicites qui ne laissent pas le moindre doute sur le message que souhaitent délivrer ceux qui l'animent. D'autres chaînes YouTube, comme « Jubilee », proposent des débats entre « pro » et « anti », sans donner raison à personne, et surtout, sans mettre en parallèle les arguments évoqués avec des éléments scientifiques incontestables. Séduire ceux qui doutent énormément des vaccins (et des médicaments plus généralement), mais aussi attirer les personnes mal informées, la stratégie déployée par les anti-vax a été prévue pour plaire à différentes catégories.
De l'autre côté, la communauté pro-vaccin s'avère, elle, beaucoup moins performante pour sensibiliser les adeptes des réseaux sociaux. Pas de groupe Facebook réunissant des parents d'enfants victimes de la rougeole, pas de témoignage sur YouTube de personnes malades parce que non vaccinés… Même si, en France, le ministère de la Santé a fait appel à deux youtubeurs très populaires pour rappeler quelques vérités sur les vaccins, les pro-vax ne semblent pas suffisamment nombreux et organisés pour lutter efficacement contre la propagande anti-vax sur les réseaux sociaux.
Des mesures réellement applicables ?
En attendant que la communauté pro-vax devienne aussi performante sur Internet que le camp des anti, les mesures annoncées par YouTube, censées limiter la visibilité des vidéos anti-vax, ont-elles été efficaces ? Taper quelques mots-clefs dans la barre de recherches du site suffit pour avoir un début de réponse. Plus de deux mois après les promesses, des vidéos anti-vax apparaissent toujours très rapidement parmi les suggestions. Le mode restreint, pourtant mis en place par la plateforme pour préserver les enfants des contenus violents ou inadaptés, propose des vidéos plus que douteuses. Associer les mots « vaccins » et « autisme » peut par exemple conduire à une vidéo apportant « la preuve irréfutable de l'implication de la vaccination dans les désordres neuronaux, dont l'autisme, chez les enfants ». Selon les résultats collectés par « Numerama », un mois après les annonces de YouTube, 60 % des informations obtenues lorsqu’on associe ces deux mots-clés sont encore et toujours totalement fausses.
Pas besoin d'interminables recherches non plus pour se rendre compte que des publicités apparaissent toujours avant le début de vidéos pourtant clairement anti-vaccins. Si la plateforme se borne à répéter que ces algorithmes vont devenir progressivement plus performants au fil des années, les anti-vax continuent, eux, à tisser leur toile, avec une certaine efficacité. À la date du 6 mai, lorsqu'on effectue la recherche « YouTube + vaccins » sur Google, la première vidéo suggérée date de 2013 et s'intitule : « L'arnaque de la vaccination ». Elle prétend révéler aux internautes les « manipulations et falsifications des données relatives à la vaccination par l'OMS » et est précédée par… une publicité.
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