On imprime aujourd’hui des prothèses avec des imprimantes 3D, bientôt, ce seront des organes. C’est avec cet exemple que Benoît Vallée, directeur général de la Santé au ministère des Affaires sociales et de la Santé, a ouvert la conférence organisée par l’Académie de médecine, le 17 janvier dernier, consacrée à la santé connectée.
Un exemple parmi tant d’autres, qui font de la santé un domaine où la science-fiction se conjugue désormais au présent. Rien ne semble vouloir arrêter l’évolution technologique qui, sous la multiple impulsion de l’augmentation vertigineuse de la puissance de traitement des données, de la miniaturisation et des progrès de la biologie, fait rêver certains. On évoque ainsi une transformation sans précédent de la santé et de la durée de vie humaine.
Rien de tel à l’Académie de médecine où la lucidité est de mise. Les avantages de la santé connectée y sont évoqués de façon très complète, mais les inconvénients et les risques qu’elle fait courir également, brossant ainsi un tableau équilibré des enjeux de la santé de demain.
Vers une amélioration sensible de la prévention
L’innovation technologique apporte une aide à la décision médicale grâce à la puissance des outils numériques, des logiciels d’aide à la décision, à la prescription, à la dispensation, voire de vrais systèmes experts susceptibles de modifier en profondeur les métiers de la santé. Mais pas seulement. La santé connectée, c’est aussi l’agrégation de données médico-administratives de sources différentes, pouvant être très efficace en matière de pharmacovigilance et d’épidémiologie. Des données isolées constatées localement prennent un sens dès lors qu’elles sont agrégées et interprétées au niveau national. Benoît Vallet évoque ainsi l’exemple de la dématérialisation en continu des certificats de décès au Portugal. « La gestion de crise s’en est trouvée transformée », affirme-t-il. On repère beaucoup plus vite les situations d’urgences, d’ordinaire plus difficiles à détecter du fait du retard que l’on a sur les constats de décès. Un projet analogue va être testé en France cette année, annonce Benoît Vallée.
Il existe bien d’autres possibilités ouvertes par le numérique, la création d’un portail de signalement pour mieux identifier les risques sanitaires, par exemple. L’agrégation de données, mais aussi l’ouverture à d’autres disciplines, facilitent la prévention. Benoît Vallet cite cet exemple de travaux menés en collaboration avec le Centre national d’études spatiales qui, en apportant des images satellites des points d’eau en Martinique, a permis de repérer ceux qui présentent un risque larvaire plus important chez les moustiques, et donc de faciliter la lutte contre la dengue.
La pharmacie n’échappe pas aux transformations induites par le numérique : une pharmacie virtuelle laissant aux nouvelles technologies le soin de gérer de s’occuper d’un grand nombre de tâches officinales, permettant aux pharmaciens de consacrer beaucoup de temps aux patients. C’est déjà une réalité, affirme Albert Claude Benhamou, directeur de l’université numérique francophone des sciences de la santé et du sport, évoquant l’exemple d’un pharmacien à Roubaix.
Risques et fascination
Les illustrations existantes et à venir de cette révolution sont innombrables. La santé connectée, c’est une approche préventive qui n’était pas possible jusque-là. C’est une hausse exponentielle de connaissance de la santé, dont on imagine qu’elle sera au bénéfice de tous.
Mais les risques entraînés par ces nouvelles technologies sont aussi innombrables, disent en substance les animateurs de la conférence, et ce d’autant plus qu’ils sont quelque peu relégués au second plan par la fascination qu’exercent ces nouvelles technologies. Parmi eux, celui de ce que Benoit Vallet nomme « littératie » la création d’inégalités profondes face à la connaissance numérique, le risque de perte de la relation humaine, le soin de fait laissé aux entreprises du numérique d’évaluer elles-mêmes l’efficacité des outils qu’elles mettent à disposition des patients, notamment des objets connectés, « dont l’efficacité reste encore à démontrer », affirme Albert Claude Benhamou, voire les comportements addictifs susceptibles d’être générés par le « quantified self », l’autosurveillance constante du patient entraînant des obsessions, résumées par la plaisanterie suivante : « docteur, mon appli me dit que je suis cliniquement mort depuis 24 heures » D’où la nécessité de rester vigilants, rôle que l’Académie de médecine entend assumer pleinement.
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