IL Y A, dans le domaine de la santé, déjà beaucoup d’applications mobiles que l’on peut utiliser à partir d’un smartphone ou d’une tablette. Jérôme Lapray, responsable marketing de Pharmagest, avance le chiffre de 100 000. Un chiffre global dans lequel on trouve un peu de tout, des conseils en fitness, du coaching sportif jusqu’aux applications liées à la santé stricto sensu.
« Soit seulement 40 % de ces 100 000 applications », estime Guillaume Marchand, président co fondateur de DMD Santé, une société spécialisée dans l’évaluation des applications mobiles dans le domaine de la santé. Un chiffre qui reste encore considérable. Ne serait-ce que du point de vue des officines, il y a déjà les applications qui les relient aux patients à qui ils peuvent fournir ainsi de nombreux services, ce sont les plus visibles, il y a celles qui leur apportent différentes aides de la part des laboratoires, il y a celles des groupements à l’égard de leurs adhérents (et qui s’adressent souvent aussi aux patients), il y a même des pharmaciens qui développent eux-mêmes des applications.
Guillaume Marchand évoque ainsi cette initiative prise par des pharmaciens qui ont créé « educlic », une application mobile permettant à des patients de visionner des vidéos relatives à l’usage de certains produits dans trois domaines précis, la pneumologie, le diabète et la cardiologie. « Il n’est pas toujours facile de savoir comment marche par exemple un système de nébulisation à domicile », évoque Guillaume Marchand. « En trente secondes, la vidéo montre comment ça marche, c’est tout à fait représentatif de l’apport de la mobilité aujourd’hui en matière de santé. » Cette effervescence sur le marché de la santé n’est pas prête de s’arrêter, de grands acteurs internationaux s’y intéressent également, jusqu’à Microsoft et bientôt Apple eux-mêmes, selon Jérôme Lapray.
Le bon choix.
Oui, mais devant la pléthore d’applications, le pharmacien peut à raison se montrer dubitatif : quelles sont celles qui sont les mieux adaptées à sa demande ? Quels sont les critères sur lesquels se baser pour faire le bon choix ? Sans doute faut-il d’abord s’intéresser à la qualité des données transmises par l’application en question. Ne serait-ce que pour des usages aussi « simples » que la géolocalisation, proposée par de nombreux prestataires. « Beaucoup d’acteurs ont des bases de données limitées », affirme ainsi Jérôme Lapray.
Pharmagest, qui possède une base de données équivalente à l’ensemble de la population des 22 000 officines en France. Et parmi elles, les 9 000 clients Pharmagest sont en mesure de renseigner leurs jours et horaires d’ouverture, « ce qui, dans les petites villes ou en milieu rural, peut être très utile pour tous ceux qui recherchent une officine un samedi par exemple », évoque Jérôme Lapray, pour qui la géolocalisation proposée par les groupements est par essence limitée à la liste de leurs adhérents. Pour sa part, Guillaume Marchand, insiste sur la fiabilité des sources, au moins chez les médecins qui y accordent une grande importance.
Le deuxième point sur lequel il est nécessaire de porter son attention est l’ergonomie desdites applications. Simple à dire, peut-être moins simple à réaliser. « Lorsque dans le cas d’une application pour les diabétiques, il faut 8 clics pour pouvoir rentrer sa glycémie, ce n’est pas ergonomique », souligne Guillaume Marchand. Ma Pharmacie Mobile, née en 2010, a connu une nouvelle version l’année dernière centrée sur une meilleure ergonomie. « Le nombre d’actions doit être le moins important possible, soutient Jérôme Lapray, pas plus de trois clics pour par exemple envoyer une ordonnance par smartphone à son pharmacien. »
Même constat chez Isipharm : « prendre du temps pour télécharger une application n’est pas une bonne chose », explique Emmanuel Fretti, directeur général. Avec son application Pill Tag, destinée à une meilleure observance des traitements, l’un des domaines de prédilection des applications mobiles, l’éditeur fait en sorte que le patient n’a qu’un lien sur lequel cliquer, lien envoyé par son pharmacien à qui il aura donné au préalable son numéro de portable. Ce lien télécharge aussitôt l’application.
« Plus c’est simple et rapide, mieux c’est », résume Emmanuel Fretti. Le troisième point mis en avant est la sécurité des échanges. Le directeur général d’Isipharm explique que l’application Pill Tag a été conçue avec l’aide d’Orange Healthcare, la filiale du géant français des télécoms spécialisée dans le domaine de la santé. « Il faut avoir des compétences en matière de santé, certes, mais il faut être aussi capable de déployer l’application pour un très grand nombre d’utilisateurs », soutient-il.
Un vide à combler
Sans doute ces critères ne sont pas souvent respectés, si l’on en croit Guillaume Marchand. DMD Santé établit des évaluations des applications mobiles avec des groupes d’utilisateurs, parmi lesquels des pharmaciens et des patients, mais aussi des médecins. Et selon ces évaluations, seulement une centaine d’applications sont « dignes d’intérêt ». C’est très peu. « Il n’y a pas assez de bonnes applications en France, et de fait, un énorme vide à combler. »
Valable pour l’ensemble des applications de santé, ce constat l’est tout autant pour celles qui concernent les pharmaciens. Alors pourtant que le potentiel est énorme. D’abord vis-à-vis des patients, « il est important de replacer les pharmaciens au cœur de la mobilité, ils représentent le premier relais de santé pour les patients », affirme ainsi Jérôme Lapray, justifiant la stratégie de Pharmagest qui a, avec Ma Pharmacie Mobile, acquis une longueur d’avance sur ses concurrents.
Pour lui, la légitimité des éditeurs de LGO sur ce marché des applications mobiles de la santé ne fait pas de doute : inutile de se disperser dans de nombreuses applications diverses, explique-t-il en substance, il est important qu’elles soient en lien avec l’outil de travail quotidien du pharmacien. « Lorsqu’un patient envoie son ordonnance par smartphone, il peut la visualiser à partir de LGPI, sans avoir à ouvrir d’autres applications. »
Aujourd’hui, les patients peuvent donc trouver leur pharmacie à l’aide de leur smartphone, envoyer leur ordonnance, mais aussi disposer d’un système d’alerte pour mieux observer leur traitement, et même solliciter un conseil en envoyant un mail. D’autres fonctionnalités sont à venir qui permettront d’inscrire la pharmacie dans un programme de santé du patient.
Les possibilités sont infinies, et le seront d’autant plus quand l’interaction avec les autres professionnels de santé sera opérationnelle. La mobilité permettra aisément d’échanger dans le cadre de la coordination des soins, souhaitée par les autorités publiques, mais qui bute pour l’instant sur des questions réglementaires et aussi sur la question de la sécurisation des échanges. Au plan technique, les éditeurs l’affirment, tout est prêt, chacun fourbit ses armes de son côté. L’informatique mobile sera la pierre angulaire de la future télémédecine.
La vidéo surveillance aussi.
Un autre domaine important de l’usage des technologies mobiles est l’aspect purement professionnel à l’intention des pharmaciens. Des laboratoires s’en servent par exemple pour aider leurs réseaux de distribution de médicaments, à l’instar de Bristol Myers Squibb qui, pour ses produits commercialisés sous la marque UPSA, relaie des informations par le biais d’applications mobiles relatives au marketing de ces produits : présentoirs, définition des zones chaudes ou froides etc…
Et à l’intérieur même de l’officine, la mobilité peut apporter un grand confort. Alliadis, qui pour l’instant n’a pas abordé le marché des applications à destination des patients, évoque la mobilité afin de permettre au titulaire d’exercer « tout ce qui est lié à la gestion de l’entreprise qu’est l’officine de la manière la plus efficace », selon Sophie Roussel, directrice marketing et communication de l’éditeur. « Cela va des statistiques jusqu’à la création de la communication sur les écrans, en passant par la gestion des commandes, le tiers-payant, le rapprochement bancaire… »
Bref, tout ce qui n’est pas de l’ordre de la relation au comptoir avec les patients, et est susceptible d’être traité à distance, un PC, une tablette, un smartphone, qu’importe. Une façon de dégager du temps pour plus de service à ces derniers. Aucune tâche semble ne pas pouvoir être concernée par la mobilité, il n’est jusqu’à la vidéosurveillance où elle s’immisce.
Axis Communication, spécialiste de la vidéo surveillance, propose ainsi la possibilité pouvoir prendre la main à distance à partir de n’importe quel support mobile, visualiser ce qui se passe dans l’officine, enregistrer des séquences, utiliser les capacités de rotation des caméras quand celles-ci en disposent, prendre des photos.
« Certes, le besoin premier est avant tout de surveiller la pharmacie, mais cette application peut aussi aider les pharmaciens à prendre de la hauteur, en quelque sorte », explique Kenneth Adomou, responsable SMB (small and medium business) chez Axis. « Et utiliser la vidéo surveillance pour vérifier si tel ou tel rayon est bien achalandé, grâce à un point de vue différent et souvent meilleur. On voit aussi les gestes des clients, où va leur attention… »
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