SORTIRA ou sortira pas ? La nouvelle rémunération des pharmaciens, introduisant une part d’honoraires, doit entrer en vigueur le 1er janvier 2015. Or, pour l’heure, l’arrêté d’approbation la concernant, n’est toujours pas paru au « Journal officiel ». Sa publication serait imminente, avait annoncé le directeur général de l’offre de soins (DGOS), Jean Debeaupuis, à l’occasion du dernier congrès national des pharmaciens, à Cannes-Mandelieu. C’était à la mi-octobre. Et désormais, le temps presse. Car selon Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), « le déploiement des logiciels intégrant cet honoraire peut prendre un mois ». Du coup, le stress gagne les éditeurs informatiques. Ce n’est pourtant pas la première fois qu’ils sont confrontés à un changement réglementaire les obligeant à modifier certaines fonctionnalités de leurs logiciels. À dire vrai, c’est même plutôt une habitude, tant les changements sont réguliers, le dernier en date étant la suppression de la vignette début juillet.
Mais cette réforme-ci a quelque chose de particulier : elle touche au cœur même du logiciel. Les prix, ce sont les achats et la vente, les stocks et la comptabilité ; ce sont aussi les statistiques et la télétransmission aux caisses d’assurance-maladie. Presque toutes les fonctionnalités des LGO sont concernées. Est-ce que ces changements nécessiteraient plus d’efforts de développement et d’investissement que d’habitude ? La réponse est nuancée : « l’enjeu technique n’est pas considérable », affirme ainsi Jérôme Lapray, responsable marketing de Pharmagest. « Certes, ce n’est pas un chantier énorme, approuve Emmanuel Fretti, directeur général d’Isipharm, mais quand même complexe à gérer. »
Les éditeurs ont été confrontés à certaines difficultés : intégrer un honoraire dans la tarification d’un produit, c’est ajouter une ligne, avec les désagréments ergonomiques, voire fonctionnels, que cela représente. Notamment pour les ordonnances complexes, générant une façon de calculer l’honoraire du pharmacien, également complexe. D’où la nécessité de veiller à la clarté des lignes pour ne pas avoir ensuite de souci au niveau des calculs de marge, explique notamment Frédéric Vallée, responsable informatique de Cepisoft. Mais les éditeurs affirment maîtriser cette complexité. Et tous d’assurer que, de toute façon, au 1er janvier prochain, les logiciels auront été mis à jour et fonctionneront selon les nouvelles règles de rémunération prévues par la loi.
Des délais trop courts.
S’il est vrai que les éditeurs travaillent d’arrache-pied, qu’ils passent des batteries de tests auprès du CNDA* afin d’obtenir l’agrément de ce dernier, les conditions dans lesquelles se déroule la préparation de ce changement important sèment le trouble chez les éditeurs. « Nous avons eu un cahier des charges technique, mais pas de cahier des charges fonctionnel, explique Maïwenn Priser, responsable marketing opérationnel de Winpharma. Il a fallu traduire le cahier des charges technique dans la pratique quotidienne des pharmaciens. »
Aujourd’hui encore, les éditeurs sont en attente de précisions, notamment à travers l’arrêté d’approbation qui n’est toujours pas entré en vigueur. Depuis le début, les délais sont très courts. « Le cahier des charges nous a été remis seulement le 22 juillet », regrette Emmanuel Fretti. Et dans la mesure où il est encore incomplet aujourd’hui, « il reste moins de deux mois pour tester et déployer la solution », estime-t-il. Un tel projet requiert pourtant plus de temps afin de tester le logiciel directement chez les clients. Même constat chez Alliadis. « Normalement, une mise en place avec des pilotes, des expérimentations et des corrections, cela prend quatre mois », affirme Alain Aubin, responsable de la ligne produits Alliance Premium chez l’éditeur.
Quoi qu’il en soit, les logiciels devraient prêts au 1er janvier, mais sans les phases de tests habituellement menées lors d’évolutions aussi importantes et ramenées en l’occurrence à leur plus simple expression. Il se pourrait donc que l’on ait des surprises.
Une inquiétude diffuse.
Prêts, mais pas suffisamment testés, les logiciels pourraient-ils connaître des bugs ? Les éditeurs de logiciels ne vont pas jusque-là, leur inquiétude est plus diffuse. Certains craignent que les caisses d’assurance-maladie ne soient pas prêtes à temps, avec des difficultés de transmission, voire un impact sur la comptabilité. D’autres se posent des questions quant aux médicaments non prescrits. « Les pharmaciens pourront, s’ils le souhaitent, ne pas appliquer forcément l’honoraire de dispensation et utiliser ainsi la réforme pour renforcer leur compétitivité puisque les prix vont être automatiquement revus à la baisse », explique Alain Aubin. Ce qui peut poser un problème informatique, forçant les éditeurs à prévoir des cas où le pharmacien n’appliquera pas l’honoraire, ou partiellement. Est-ce paramétrable ou faut-il une adaptation particulière ? Certains éditeurs considèrent qu’ils ne peuvent pas automatiser ces remises.
Le travail d’ici au 1er janvier est donc encore énorme. Dès lors que l’agrément du CNDA aura été accordé, le déploiement pourra commencer. Une procédure transparente pour les officinaux puisque les mises à jour se feront en ligne. La partie concernant les honoraires s’activera dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier. Pour les rares officines qui ne bénéficient pas encore des réactualisations automatiques via le Web, il faudra peut-être envisager un changement de logiciel. Pour toutes les autres, ces évolutions seront gratuites, puisque réglementaires.
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