SOUVENEZ VOUS. Il s’appelait Uri Geller, et avait le pouvoir de tordre les petites cuillères sans les toucher. Du moins était-ce le jeu favori de cet Israélien, adepte des plateaux de télévision dans les années soixante-dix, qui affirmait avoir la faculté de psychokinésie. Il refusera pourtant toujours de se plier à un protocole scientifique rigoureux visant à établir la réalité de ses prétendus pouvoirs. Aujourd’hui, le célèbre psychokinesiste, considéré par ses détracteurs comme un prestidigitateur et un charlatan, doit se frotter les mains. Des chercheurs français ont en effet réussi à mettre au point un logiciel d’interface cerveau ordinateur, baptisé OpenVIBE, qui permet de déplacer des objets - virtuels ou réels - uniquement par la pensée. Et comme rien ne vaut une belle démonstration pour témoigner de la réussite d’un projet, les concepteurs ont montré la semaine dernière dans les locaux de l’INSERM, comment la seule force mentale pouvait faire décoller une fusée. En pratique, un expérimentateur, dont le crâne bardé d’électrodes était relié à un ordinateur, est parvenu en pensant très fort une action motrice - bouger ses pieds -, à déclencher le décollage (virtuel) d’un vaisseau spatial sur l’écran. « Une bonne dose de concentration est nécessaire pour arriver à ce résultat », modèrent les inventeurs, qui affirment toutefois que 30 % des utilisateurs sont capables de cette prouesse télékinesiste.
Les applications du dispositif sont aussi nombreuses que prometteuses. Les programmeurs de jeux vidéos, par exemple, s’intéressent de près à cette nouvelle relation homme-machine. Mais, plus sérieuses, ce sont les applications médicales qui font le plus rêver. OpenVIBE pourrait en effet assister efficacement les programmes de récupération motrice ou le traitement de certains déficits neurologiques. Précieux également serait le recours au logiciel pour aider les handicapés moteurs dans leur vie quotidienne. Les objets virtuels déplacés mentalement par les patients pourraient alors être associés à des robots dédiés à des actes spécialisés. Manier une petite cuillère par la seule force de la pensée ne serait plus alors un jeu de magicien rusé, mais un admirable et salutaire progrès médical.
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