Ces derniers temps, un terme un peu obscur est sur toutes les lèvres, et particulièrement dans le monde de l’entreprise : celui de metaverse (métavers, en français). D’autant plus depuis que le géant Facebook a décidé de changer de nom pour adopter celui de « Meta », traduisant sa volonté de concentrer une partie de ses activités sur cette technologie en plein développement. L’entreprise a, en effet, injecté la bagatelle de 10 milliards de dollars et s’est donné cinq ans pour créer son monde virtuel.
Vous avez dit monde virtuel ? « Il n’y a pas une définition du métavers (il existe en fait des métavers créés par plusieurs entreprises distinctes, comme Decentraland et the Sandbox, et qui ne sont pas encore interopérables, N.D.L.R.), car il est encore en pleine construction », détaille Émilien Ercolani, directeur opérationnel du cabinet de conseil en stratégie Maestria Blockchain. L’approche la plus connue est de le(s) décrire, comme « des mondes virtuels immersifs et persistants, qui permettent de sociabiliser, de communiquer et d’échanger des informations certes, mais aussi de la valeur (à travers des NFTs ou des cryptomonnaies notamment, N.D.L.R.) », poursuit Émilien Ercolani.
Bientôt une pharmacie virtuelle ?
Si cette définition est amenée à évoluer, il est donc aisé de comprendre dès lors l’intérêt que cette nouvelle opportunité de marché représente pour les marques. D’ordinaire plutôt le terrain de jeux des grandes marques de luxe (Kering) ou de biens de consommation divers (Nike, Walmart), le métavers accueille ses premiers acteurs du secteur de la santé… et de la pharmacie en particulier.
Début mars, CVS Health, l’une des plus importantes chaînes de pharmacie et fournisseur de produits et de services de santé aux États-Unis, a annoncé avoir déposé des droits de marque pour le métavers auprès du US Patent Trade Office, l’organisme chargé d’émettre des brevets et des marques déposées aux États-Unis. Une première dans le monde de la santé.
CVS Health pourra y vendre ainsi des biens et des services. Dans le détail, le géant de la pharmacie a déclaré avoir déposé son logo, vouloir créer une boutique en ligne, ou encore créer des biens virtuels. La requête auprès de USPTO mentionne « des biens virtuels téléchargeables, des biens de consommation, des ordonnances de médicament, des produits de santé et de bien-être, des produits de beauté et de soins ainsi que des biens utilisables en ligne et dans les mondes virtuels en ligne ».
La demande inclut aussi la création de « biens virtuels téléchargeables créés à l'aide de la technologie de la blockchain », tels des objets de collection numériques vendus en tant que jetons non fongibles (NFT), des titres de propriété numérique émis par une blockchain et associés à un actif numérique (photo, vidéo, etc.).
Au nombre de ses requêtes, CVS Health souhaite également transférer des services de santé traditionnellement dispensés en magasin vers un environnement virtuel. Citons : les services de traitement médical non urgent, comme des programmes de bien-être ou encore des services de conseil en nutrition.
Une future market place géante
Tous les secteurs d’activité semblent vouloir se faire une place au soleil (virtuel) dans le métavers. Même quand il s’agit d’activités et de besoins par définition ancrés dans le réel. En l’occurrence ici, la santé.
Au-delà de ses dépôts auprès de l’USPTO, les ambitions de CVS Health demeurent floues. Contacté par le « Quotidien du pharmacien », un porte-parole explique que, par ce biais, la société cherche à améliorer ses services de santé afin de répondre aux besoins des consommateurs « quand et où ils le souhaitent, y compris à domicile et virtuellement ».
L’entreprise dit aussi œuvrer en permanence pour développer de nouveaux moyens d’engager ses consommateurs : « Grâce à une approche avant-gardiste axée sur la technologie (…) nous continuerons d’explorer ces options et d’autres afin d’améliorer l’expérience client et lancer de nouveaux services et offres centrés sur le consommateur. » Quid des précisions sur lesdits services rendus ? « Nous ne divulguons aucun autre détail », a déclaré le porte-parole. Il faudra donc se contenter des indications transmises à l’USPTO.
Plutôt qu’une feuille de route claire et précise, CVS Health, comme beaucoup d’autres acteurs d’ailleurs, préfère anticiper les possibles futurs modes de consommation et applications que laisse entrevoir le metavers. « Aujourd’hui, l’habitude de consommation, c’est de se rendre directement en pharmacie, ou de taper son besoin sur Internet et d’éventuellement acheter ses produits en ligne. Mais tout cela pourrait bientôt changer. Dans les années 2010, la mode était au e-commerce, donc l’achat sur Internet ; en 2020, nous sommes passés au M-commerce, soit le commerce sur mobile. Il est tout à fait possible que la prochaine étape soit celle du métavers », développe Émilien Ercolani.
Work in progress
Plus qu’une simple market place géante, ces métavers pourraient aussi devenir des outils ludiques. Si ces différents mondes virtuels sont aujourd’hui principalement accessibles via un navigateur Web, il est probable qu’à l’avenir ils le soient massivement à l’aide d’appareils tiers, comme des casques de réalité virtuelle ou augmentée. Dès lors, « on peut imaginer que soient mis à disposition des utilisateurs, des outils de formation, de simulation. Ces briques d’éducation et de formation sont les premières applications des futurs métavers », avance Émilien Ercolani. Il n’est donc pas exclu de voir, dans le futur, des formations bien-être et santé dispensées par CVS Health par exemple, ou encore des téléconsultations à distance qui présenteraient un intérêt pour les personnes à mobilité réduite ou vivant dans des zones reculées.
La notion d’immersion est très présente dans le métavers mais « elle reste à développer », précise toutefois Émilien Ercolani. Sur ce volet formation, des initiatives existent déjà. Simango, une start-up rennaise, a annoncé fin mars qu’elle travaillait à développer un hôpital virtuel augmenté, dédié à la formation du personnel soignant. L’établissement sera accessible depuis son métavers Learning Metasystem.
À Dubaï, fin mars, a été annoncé le lancement de FitnessVR.io, le premier métavers dédié au bien-être et à la forme physique. Il ambitionne de proposer des 24h/24 et 7j/7, des activités, des événements et des thèmes liés à la santé et à la forme physique.
Communication 3.0
En dépit des annonces tonitruantes et des perspectives plutôt alléchantes sur le papier des futurs métavers pour les entreprises, cette technologie, en l’état actuel des choses, est surtout une nouvelle vitrine publicitaire. Certes, elle n’en est encore qu’à ses débuts, et « le métavers permet pour l’heure de réaliser essentiellement de gros coups marketing et de communication ». Une supercommunication 3.0 en quelque sorte, surfant sur la vague du cool. Une vague dont, là encore, il convient de relativiser la hauteur. La croissance des métavers est exponentielle mais, pour l’heure, le nombre d’utilisateurs reste modeste. Pour exemples, celui de Meta Horizon Worlds compte 300 000 utilisateurs et le Français The Sandbox, 2 millions.
Près de 40 % du chiffre d’affaires
Médicaments chers : poids lourds de l’activité officinale
Les concentrations continuent
Hygie 31, Giropharm : grandes manœuvres au sein des groupements
Valorisation et transactions en 2023
La pharmacie, le commerce le plus dynamique de France
Gestion de l’officine
Télédéclarez votre chiffre d’affaires avant le 30 juin