Il n'y a plus de temps à perdre. Le déploiement de la santé numérique en France semble désormais en pleine accélération.
C'est à l'issue du rapport Pon - Coury, de septembre 2018, que s'était véritablement ouvert le volet numérique du Ségur de la santé. La feuille de route d'avril 2019 en avait fixé les objectifs, rappelle Dominique Pon, responsable ministériel du numérique en santé : créer un espace de santé unique - Mon Espace Santé - assis sur des plateformes numériques donnant accès à tous les services prévus dans le parcours de soins. Vaste programme ! Car, se souvient Dominique Pon, « au début, c'était un véritable bazar ! Nous manquions jusque-là de volontarisme pour imposer un cadre aux logiciels de santé ». Observant que chaque acteur concerné partait de son côté, les architectes du Ségur numérique ont opté pour une vision qui s'apparente, expliquent-ils, à la gouvernance d'une ville. « Depuis deux ans, l'État fabrique les routes et les fondations » du nouvel espace numérique en santé, résume Dominique Pon.
De nouvelles routes numériques
Première « route numérique » du dispositif, l'identité nationale de santé (INS) vient combler un vide. « Rendez-vous compte, s'indigne Dominique Pon, il est incroyable de constater que notre identité numérique diffère du pharmacien au médecin, de l'hôpital au laboratoire d'analyses, etc. » Autres routes numériques créées, l'appli e-CPS des professionnels de santé et l'appli carte Vitale qui se connectera, par le biais de l'INS, aux professionnels de santé et garantira une navigation sûre au sein du Web et des applis du monde social. La messagerie sécurisée de santé (MSS), viendra elle aussi combler une dangereuse lacune. « Utiliser WhatsApp pour les données de santé, ce n'est vraiment plus possible ! », estime le responsable ministériel.
Pour mener à bien cet ambitieux chantier, le Ségur numérique bénéficie d'un budget de 2 milliards d'euros. « Il s'agit là d'un investissement historique qui vise à généraliser l'échange et le partage sécurisés de données de santé entre professionnels et avec l'usager », souligne Dominique Pon. « Nous allons imposer le premier socle régalien aux éditeurs de logiciel », explique-t-il. Celui-ci comprendra donc l'INS, le DMP (dossier médical partagé), les messageries sécurisées et Pro Santé Connect (1). De quoi faire tomber la tour de Babel du numérique en santé.
Pas de surcoût pour le pharmacien
Pour les pharmaciens, Mon Espace Santé sera la partie visible de l'iceberg. Celui-ci offrira à terme un bouquet de services allant du DMP (consultation et alimentation) à l'agenda des rendez-vous santé en passant par la messagerie sécurisée et le catalogue d'applications utiles pour la santé. La phase pilote de Mon Espace Santé, lancée en juillet 2021 dans 3 départements, vise sa généralisation pour le début de l'année prochaine. « Mais rien de cela n'aurait été possible sans un programme de conception co-construit avec les professionnels de santé et les éditeurs de logiciels », précise Xavier Vitry, directeur de projets à la délégation ministérielle au numérique en santé. « À noter, souligne-t-il, que les pharmaciens sont les seuls professionnels qui s'inquiètent de la façon dont ils vont pouvoir accompagner leurs patients dans leur espace numérique de santé. »
Accélération à marche forcée
À écouter les délégués ministériels, tout semble fait pour accélérer la feuille de route. Le financement de l'équipement ? « Les pharmaciens achètent, l'État paie », indique Dominique Pon. Il s'agit là d'un mécanisme « d'achat pour compte » où l'État s'engage à financer des prestations d'équipement logiciel aux établissements et professionnels de santé. « Ce financement, basé sur un système ouvert et non sélectif, a pour but de faire évoluer les LGO pour qu'ils deviennent tous interopérables. Ils seront alors validés par un label de conformité au protocole Ségur », explique Dominique Pon qui présente - autre motif d'accélération -, le calendrier un peu serré de la feuille de route. Interpellé sur ce point par le représentant des éditeurs de LGO, Denis Supplisson (2) (lire ci-dessous), le délégué ministériel se veut toutefois clair : « Pour réussir, nous devons avancer ensemble, dit-il. Même s'il s'agit d'avancer à marche forcée. »
Côté calendrier justement, dès décembre prochain, les documents de référence devraient être publiés et la labellisation des éditeurs acquise, précise Xavier Vitry. Quant aux premiers nouveaux logiciels labellisés, ils arriveront dans les officines françaises avec les étrennes de Noël 2022. « À fin 2023, tous les logiciels doivent avoir été mis en conformité », précise enfin Xavier Vitry.
D'après une conférence du Congrès national des pharmaciens de Lyon du 9 octobre.
(1) Pro Santé Connect est un fédérateur de fournisseurs d’identité. Sur les services raccordés, il permet au professionnel de s’authentifier soit avec sa e-CPS - une application smartphone - soit avec sa CPS.
(2) Vice-président de la FEIMA (Fédération des éditeurs d'informatique médicale et paramédicale ambulatoire), chargé du collège pharmacie.
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