C’est un peu l’Arlésienne, mais elle revient régulièrement sur le tapis : la e-prescription, ou ordonnance dématérialisée. Elle devrait régler les problèmes d’ordonnances indéchiffrables, de fraudes, de perte d’ordonnances, permettre des économies de papier, faciliter et sécuriser la communication entre pharmaciens et médecins, grâce à une messagerie sécurisée. Mais le projet est en préparation depuis plusieurs années et ne semble pas sur le point d’aboutir. Sans doute parce que certains acteurs sont vent debout contre son expérimentation, dans les conditions actuellement prévues.
Économies de papier et limitation des fraudes
L’Assurance-maladie ferait certes des économies de stockage si l’ordonnance passait en version dématérialisée, le codage réduisant aussi drastiquement le temps des possibles recherches. Ce système de sécurité indiquant le médecin prescripteur, l’heure et l’identité du patient, il offre aussi un indéniable intérêt en termes de santé publique.
L’idée de l’ordonnance dématérialisée ? Que le prescripteur réalise son e-prescription dans un serveur sécurisé, dans lequel le dispensateur va chercher l’e-prescription en question. Problème majeur : qui contrôlera le serveur ? « Nous sommes formellement opposés à un hébergement du serveur par l’Assurance-maladie et demandons un hébergeur indépendant, sans quoi cette dernière pourra nous donner l’ordre de délivrer tel ou tel médicament et le travail du pharmacien n’existera plus », souligne François Gayon, administrateur de l’UNPF (Union nationale des pharmacies de France). Ce que confirme Gilles Bonnefond, président de l’USPO (Union des syndicats de pharmaciens d’officine) : « avant d’être rendue disponible pour le dispensateur, la prescription pourrait être modifiée par l’Assurance-maladie. Il s’agirait d’une mise sous contrôle préalable de la prescription ».
Changement et lecture de la prescription
Les pharmaciens ont régulièrement à modifier ce qu’ils dispensent par rapport à l’ordonnance. Cette éventualité n’est vraisemblablement pas encore prise en compte dans l’e-prescription et les ordonnances dématérialisées reçues par l’Assurance-maladie ne tiendront alors pas compte de cette modification – ce qui est problématique.
Un autre argument en faveur de cette ordonnance dématérialisée consiste à limiter les difficultés de lecture. Là encore, UNPF et USPO estiment que les médecins passent de plus en plus souvent à l’impression de leurs ordonnances et que le problème est donc limité. De plus, « quand on a un doute, on appelle le médecin, on ne valide pas à l’aveugle », rappelle François Gayon.
Par ailleurs, ce système « aurait des conséquences très importantes sur l’organisation de la dispensation en France », indique Gilles Bonnefond. « Il nous obligerait à révolutionner nos méthodes de travail puisqu’il ne s’agirait plus de l’analyse visuelle d’un morceau de papier mais de la lecture d’un code », regrette François Gayon. « Et la configuration informatique devrait être changée, avec des lecteurs plus performants, sans que la question de la rémunération ait pour l’instant été abordée ».
Limites techniques
Des contraintes techniques existent par ailleurs au moment de l’encodage car les mesures de sécurité prennent une large place qui limite la longueur de la prescription. L’ordonnance ne peut ainsi dépasser 4 à 5 lignes (les posologies étant indiquées en zone de texte et non codées). Enfin, seules les spécialités pourront être codées, les dispositifs médicaux et produits non remboursables nécessitant donc une ordonnance classique à part. Bref, plusieurs améliorations, bien réelles, restent à porter avant de pouvoir profiter de l’ordonnance virtuelle.
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